Alors que le niveau de l'eau devrait continuer de monter pour connaître son apogée dans les prochains jours, l'aide s'organise un peu partout au Québec. Le premier ministre Philippe Couillard a rencontré les citoyens de Rigaud et de l'île Mercier, samedi, pendant que les Forces armées canadiennes arrivaient en renfort à Rigaud, Gatineau, Laval et Trois-Rivières.

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Avant qu'il ne traverse la passerelle de fortune au milieu d'une rue inondée de Rigaud, Philippe Couillard s'est fait apostropher par un conseiller municipal. Yannick Sauvé voulait que le premier ministre saisisse la difficulté que certaines personnes avaient à quitter leur domicile. Sa propre mère, âgée de 74 ans, fait partie des regimbeurs qui refusent de se soumettre à Dame Nature et à ses menaces.

Hier, M. Couillard est allé constater l'ampleur des dégâts à Rigaud et à l'île Mercier, où certains citoyens ont les deux pieds dans l'eau depuis des semaines. À Rigaud, plus de 500 maisons sont dans la zone sinistrée et la mère de M. Sauvé n'est pas la seule à refuser de la quitter. 

Lors d'un bref point de presse donné sous une pluie diluvienne en après-midi, le premier ministre a lancé un appel on ne peut plus clair.

« Si on vous demande de quitter votre maison, faites-le. C'est pour votre sécurité. »

Se montrant sensible au stress et à l'anxiété vécus par les sinistrés, M. Couillard a toutefois rappelé l'essentiel.

« On va vous amener en sécurité à la chaleur, on va protéger votre maison. Les pompiers, les gens des Forces, de la SQ sont là pour protéger les maisons. Il faut écouter les consignes de sécurité et quitter [les lieux] si nécessaire. On s'occupera de tout ça après. La sécurité des gens passe avant tout », a dit le premier ministre.

Les forces armées en renfort

Plusieurs municipalités du Québec ont demandé du renfort aux Forces armées canadiennes. Hier, 400 soldats ont été déployés dans les quatre régions les plus touchées du Québec, soit Rigaud, Gatineau, Laval et Trois-Rivières.

« On est en train d'évaluer ce dont on a besoin exactement comme aide et à ce moment, ça va être coordonné avec le système qui est déjà en place pour donner la meilleure protection et le meilleur appui aux citoyens. Il faut réfléchir à ce qu'on fait », a expliqué le maire de Rigaud, Hans Gruenwald Jr., en se disant ébloui par le soutien des municipalités avoisinantes et « des gouvernements à tous les niveaux ».

Les escadrons d'intervention immédiate de Valcartier ont été déployés durant la journée dans les régions touchées, mais aucune intervention n'a eu lieu.

« On doit d'abord établir les postes de commandement et évaluer quels sont les besoins et à quels endroits ils sont, a expliqué le capitaine Pierre Leblanc, officier des affaires publiques des Forces armées canadiennes. Les premières demandes commenceront sûrement dimanche [aujourd'hui] et proviendront du Centre de coordination de la sécurité civile, qui établit les priorités et qui détermine quel service d'urgence doit être déployé selon la situation. »

Le maire de Montréal, Denis Coderre, espère que ses concitoyens pourront aussi bénéficier de l'aide des Forces armées. « Évolution situation requiert appui supplémentaire, c'est pourquoi j'ai demandé soutien de l'armée », a-t-il gazouillé avant de se rendre à l'île Bizard et à Pierrefonds durant la journée, puis à l'île Mercier avec le premier ministre en début de soirée.

De retour de l'île Bizard, le maire s'est réjoui de l'altruisme de ses concitoyens.

« Je tiens à souligner l'extraordinaire exemple d'entraide citoyenne et le dévouement de nos services de protection civile. »

Mission repérage

En début de soirée, les premières unités se sont rendues sur le terrain pour effectuer du repérage. Vers 19 h, quatre véhicules blindés empruntaient le pont d'étagement de l'avenue Saint-Charles, à Vaudreuil, pour rejoindre L'Île-Cadieux, minuscule ville de 106 habitants accessible par un seul petit pont. Toute circulation y est dorénavant interdite.

« Nos voisins qui habitent sur l'île depuis des décennies disent n'avoir jamais rien vu de tel ; que c'est pire qu'en 1974 », rapporte Micheline Ladouceur, résidante de L'Île-Cadieux jointe par téléphone. L'île est située dans le lac des Deux-Montagnes. Une partie du terrain de Mme Ladouceur est située dans une zone inondable de récurrence de 100 ans.

« Nous, on est très éloignés du lac et très hauts, mais l'eau monte, c'est incroyable. Il y a de l'eau par-dessus la pompe dans notre cave de service, mais on est encore corrects. Notre voisine a un sous-sol et les pompiers ont dû apporter une pompe industrielle », raconte la Cadiloise. Son mari et elle attendent impatiemment l'intervention de l'armée, alors que les soldats devraient aider à transporter des sacs de sable.

NOUVELLES ÉVACUATIONS À LAVAL

L'érosion provoquée par le niveau élevé de l'eau et la force du débit a forcé l'évacuation de l'île Verte, à Laval, samedi. Une vingtaine de propriétaires ont été priés de quitter leur demeure, alors que les 17 résidences de l'île Roussin ont aussi été évacuées. Dans le deuxième cas, la mesure a été prise quand les balises du pont menant à l'île sont devenues de moins en moins visibles, ce qui rendait l'accès difficile. La Ville de Laval assure la sécurité des quartiers évacués par une présence policière accrue.