Le gouvernement fédéral s'est excusé et a versé une compensation à trois Canadiens qui ont été torturés en Syrie.

Ottawa a annoncé vendredi après-midi qu'il s'était entendu à l'amiable avec Abdullah Almalki, Ahmad Abou-Elmaati et  Muayyed Nureddin, qui avaient poursuivi le gouvernement canadien pour son rôle dans le sort qu'on leur avait réservé.

Les détails de l'entente n'ont pas été dévoilés.

En octobre 2008, une enquête dirigée par l'ancien juge à la Cour suprême, Frank Ioacobucci, avait conclu que les autorités canadiennes avaient contribué à la torture des trois hommes parce qu'elles avaient partagé de l'information avec des agences étrangères.

L'ex-juge avait statué que les hommes avaient bel et bien été torturés lors de leur détention en Syrie. M. Abou-Elmaati avait également été torturé en Égypte.

Frank Ioacobucci avait souligné plusieurs erreurs commises par la Gendarmerie royale du Canada (GRC), le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS), de même que le ministère des Affaires étrangères.

Les trois hommes ont nié toute implication dans des activités terroristes et aucun d'entre eux n'a été accusé.

Les ministres de la Sécurité publique et des Affaires étrangères, Ralph Goodale et Chrystia Freeland, leur ont présenté leurs excuses au nom du gouvernement fédéral.

«Nous espérons que les mesures prises aujourd'hui les appuieront, leur famille et eux, dans leurs efforts pour entamer un nouveau chapitre prometteur de leur vie», ont-ils déclaré.

Cette bataille juridique s'étirait depuis de nombreuses années, alors que les plaignants réclamaient une compensation pour leur traitement, qui avait selon eux terni leur réputation, en plus de leur avoir laissé des séquelles tant psychologiques que physiques.

Dans son exposé de défense, Ottawa arguait que s'il y avait effectivement eu de la maltraitance, les autorités syriennes et égyptiennes en étaient les uniques responsables.

Le gouvernement a maintenu cette position pendant des années, malgré les excuses et la compensation auxquelles avait eu droit, en 2007, un autre Canadien détenu et torturé dans une prison de Syrie. Maher Arar avait touché à 10,5 millions, en plus d'un autre million de dollars pour éponger ses frais judiciaires.

En juin 2009, le Comité de la sécurité publique de la Chambre des communes avait recommandé au gouvernement d'honorer la demande des trois hommes et de faire «tout le nécessaire» pour retirer les fausses allégations pesant contre eux et contre leurs proches dans les dossiers des agences de renseignement.

La détention d'Abdullah Almalki, un ingénieur en électronique d'Ottawa, s'était étirée sur 22 mois à compter de 2002.

Ahmad Abou-Elmaati, un ancien chauffeur de camion, avait pour sa part été arrêté en novembre 2001, alors qu'il se rendait en Syrie pour célébrer son mariage - des festivités qui n'ont jamais eu lieu.

Quant à Muayyed Nureddin, un géologue de Toronto, il avait été arrêté par les autorités syriennes en décembre 2003, alors qu'il entrait au pays à partir de l'Irak, où il visitait sa famille. Il avait été emprisonné pendant 34 jours, jusqu'au début de l'année suivante.