Le gouvernement canadien n'a pas l'intention de revoir son plan d'accueil des réfugiés malgré ce qu'en a dit le premier ministre depuis samedi.

Au lendemain du décret du président américain Donald Trump interdisant l'accès à tous les réfugiés dans les 120 prochains jours et aux réfugiés syriens pour une période indéterminée, Justin Trudeau envoyait, samedi, un tweet avec le mot-clic BienvenueAuCanada.

«À ceux qui fuient la persécution, la terreur et la guerre, sachez que le Canada vous accueillera indépendamment de votre foi», lançait M. Trudeau dans son gazouillis applaudi aux quatre coins de la planète.

Lundi, il disait aux Communes avoir demandé à son ministre de l'Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté «de considérer les différentes façons dont nous pouvons aider».

Mardi après-midi, ce ministre, Ahmed Hussen, a mis les choses au clair.

«Nous avons un plan pour l'immigration et nous allons le respecter», a-t-il tranché à sa sortie de la réunion du conseil des ministres.

Pas question de revoir la politique canadienne sur l'immigration ni la cible pour le nombre de réfugiés à accueillir cette année. Cette cible a été fixée à 40 000. Pas question de prendre des mesures exceptionnelles en réaction au décret américain.

«Nous ne décidons pas de nos politiques à la sauvette», a lâché le ministre aux journalistes qui insistaient.

Il a souligné que, mardi, les États-Unis ont décidé d'accueillir quelque 850 réfugiés dont les démarches avaient été complétées et qui s'étaient vu claquer la porte au nez à cause du décret signé par M. Trump vendredi soir.

«Ça prouve que la situation est fluide. Elle évolue constamment», a plaidé le ministre Hussen.

«La chose responsable à faire est de maintenir les contacts (...) et de continuer à surveiller la situation de près», a-t-il ajouté.

Le ministre Hussen refuse également de revoir le statut des États-Unis comme pays tiers sûr. Le Canada n'accepte pas les demandes des réfugiés venant de tels pays parce qu'ils ne sont pas considérés comme étant en danger s'ils viennent de là.

Le Nouveau Parti démocratique (NPD) a repris l'appel d'Aministie internationale de retirer ce statut au voisin américain.

«Ce n'est plus certain que les réfugiés sont en sécurité là-bas», a estimé Jenny Kwan au cours d'un point de presse où la députée néo-démocrate a présenté la liste de ce que son parti réclame comme réaction canadienne au décret de M. Trump.

Le NPD veut aussi voir augmenter le nombre de réfugiés parrainés par le secteur privé. Et il demande à Ottawa d'accueillir les réfugiés qui se dirigeaient vers les États-Unis et dont les dossiers ont presque abouti.

La Chambre des communes tient un débat d'urgence mardi soir pour discuter du décret de M. Trump et de ses implications sur les réfugiés.

Rappelons que ce décret interdit également aux citoyens de sept pays à majorité musulmane d'entrer aux États-Unis pendant les trois prochains mois, le temps de revoir les mesures de sécurité. Les pays visés sont la Syrie, la Libye, le Soudan, la Somalie, l'Iran, l'Irak et le Yémen.