Stimuler l'entrepreneuriat des jeunes et épauler les familles démunies sont deux des clés pour briser le cycle de la pauvreté et créer une «dynamique qui redonne la confiance et l'espoir» aux quelque 200 000 membres des communautés noires de Montréal, soutient Édouard Staco, président du Sommet socioéconomique pour le développement des jeunes des communautés noires qui se déroulait samedi à HEC Montréal.

Quatre mesures concrètes visant à «améliorer la situation» des jeunes des communautés noires ont été présentées samedi lors de la première édition de ce Sommet. Ces mesures sont le fruit d'une consultation publique et d'une réflexion d'un an et demi, à laquelle ont pris part une quarantaine d'organismes de la communauté. Plusieurs élus participaient au Sommet samedi, dont la ministre de l'Immigration Kathleen Weil et Emmanuel Dubourg, le député fédéral de Bourassa.

Les membres des communautés noires de Montréal touchent un revenu moyen inférieur de 10 000 dollars à celui de l'ensemble de la population québécoise, en plus d'avoir un taux de chômage deux fois plus élevé. La relance de l'emploi passe ainsi par l'entrepreneuriat des jeunes, estime Édouard Staco. Un programme de mentorat et d'éducation à l'entrepreneuriat sera mis en place pour accompagner 60 jeunes entrepreneurs qui cherchent à se lancer en affaires.

Le président du Sommet s'enthousiasme en entrevue avec La Presse quand il est question des bénéfices qu'auront ces projets pour les jeunes et l'ensemble de la communauté. «Pendant six mois, des experts vont accompagner des jeunes qui vont passer de l'idéation au démarrage de l'entreprise. En mettant les jeunes avec leurs pairs dans leur domaine, il y a des choses à aller chercher. Ce qu'on veut, c'est créer une dynamique intracommunautaire, en créant un pôle où des entrepreneurs, une vingtaine de jeunes vont avoir un impact sur le milieu et ça va se multiplier!», explique Édouard Staco. 

Stimuler l'entrepreneuriat

Le second volet économique du Sommet vise à renflouer les coffres du Fonds afro-entrepreneurs d'un million à trois millions de dollars. Les entrepreneurs pourront ainsi obtenir un prêt allant jusqu'à 250 000 dollars pour appuyer leurs projets commerciaux.

Christine Black, la mairesse de l'arrondissement de Montréal-Nord, se réjouit de ces initiatives. «L'entrepreneuriat, c'est une des clés pour permettre les gens de développer leurs propres affaires. C'est une des alternatives à la pauvreté, de se partir en affaires. D'ailleurs, notre plan Priorité jeunesse va dans ce sens-là, de stimuler l'entrepreneuriat chez les jeunes pour qu'ils puissent développer des compétences [qui pourront] les aider sur le marché du travail», soutient-elle, en entrevue avec La Presse en marge du Sommet.

Outre ces projets économiques, le Sommet mise également sur des initiatives sociales comme le Programme de renforcement des familles noires, un programme onusien déjà mis en place dans le quartier Côte-des-Neiges, pour aider les familles les plus démunies. «Ça peut être aussi simple de bien leur présenter le système scolaire, de faciliter leur parcours migratoire, d'aider le parent dans sa préparation pour l'emploi. Ce n'est pas juste une aide pour le jeune», détaille Édouard Staco qui travaille comme directeur des technologies dans un Cégep.

Le second projet social dévoilé lors du Sommet consiste à accompagner les jeunes de la communauté dès le secondaire pour prévenir le décrochage scolaire. Ces quatre mesures nécessitent des investissements de 7 millions de dollars, dont la moitié sera amassé par les membres des communautés noires. Les 3,5 millions restants viendraient des trois ordres de gouvernement, souhaitent les organisateurs. Or, aucun ne s'est encore engagé officiellement, bien qu'une annonce à cet effet est prévue par la Ville de Montréal, précise la mairesse Christine Black.

« Nous sommes dans un momentum tel qu'il faille qu'on se mobilise -inclusif, ensemble- pour appuyer nos jeunes, pour faire de la place. Les difficultés que nous avons eues, les obstacles que nous avons rencontrés, [on se dit] : comment peut-on faire pour que nos jeunes vivent autres choses.», maintient le député libéral Emmanuel Dubourg.