Malgré la décision du gouvernement Couillard de retirer 1000 appareils de loterie vidéo du réseau des bars situés dans des secteurs vulnérables, Loto-Québec continue d'en distribuer de nouveaux.

La société d'État a confirmé à La Presse qu'elle avait distribué 19 nouveaux appareils de loterie vidéo (ALV) depuis le 1er septembre dernier. Les AVL ont été ajoutés dans trois établissements situés dans des secteurs que la société d'État estime conformes aux critères d'attribution, en tenant compte notamment des caractéristiques socioéconomiques de la population.

Mardi dernier, alors qu'une équipe de chercheurs de la Direction de la santé publique (DSP) de Montréal présentait les résultats d'une étude sur les liens étroits entre la vulnérabilité de la population aux problèmes de jeu et l'accessibilité des ALV, un nouveau restaurant-bar (le Shaker Charlesbourg) ouvrait ses portes à Québec qui s'était vu accorder quatre ALV. Les ALV ne sont toutefois pas installés pour le moment. « Le tout suit son cours », s'est bornée à expliquer à La Presse la porte-parole de Loto-Québec, Marisol Schnorr.

Au cours de la même période, 104 ALV ont été retirés du marché parce que les trois établissements qui les exploitaient ont fermé leurs portes.

Selon le député François Bonnardel, le plan de retrait concocté par le gouvernement et Loto-Québec est trop lent. Il prévoit l'enlèvement de 1000 ALV d'ici deux ans dans le réseau des bars, dans l'ensemble du Québec, dans les secteurs jugés vulnérables.

photo martin tremblay, archives la presse

La société d'État a confirmé à La Presse qu'elle avait distribué 19 nouveaux appareils de loterie vidéo (ALV) depuis le 1er septembre dernier. Les ALV ont été ajoutés dans trois établissements situés dans des secteurs que la société d'État estime conformes aux critères d'attribution, en tenant compte notamment des caractéristiques socioéconomiques de la population.

Le député caquiste presse le gouvernement Couillard d'accélérer le pas en tenant compte de l'étude menée par la DSP de Montréal. « C'est une étude assez accablante qui confirme ce dont on se doutait. C'est un fléau social », tranche François Bonnardel.

DES ZONES PROBLÉMATIQUES

L'étude de la DSP de Montréal démontre que les quartiers où le risque de développer des problèmes de jeu sont aussi les secteurs où les appareils de loterie vidéo (ALV) sont accessibles à moins de trois minutes de marche. Saint-Michel, Parc Extension, La Petite-Patrie, Hochelaga-Maisonneuve, le Centre-Sud et Pointe-Saint-Charles sont tous des zones problématiques.

Invitée à commenter la publication de ces résultats, Mme Schnorr de Loto-Québec a indiqué que la DSP préconisait des solutions qui rejoignaient celles de Loto-Québec, notamment d'abaisser le nombre d'ALV dans les bars d'ici deux ans. « Loto-Québec continuera à collaborer avec la DSP », a-t-elle ajouté par courriel.

Il faut toutefois noter que la DSP n'a jamais suggéré de retirer 1000 ALV et que les chercheurs n'avaient eu aucun contact ou collaboration avec Loto-Québec, comme l'a précisé le chercheur Jean-François Biron lors de la présentation du rapport de son équipe, mardi. La recommandation principale de l'étude est que les décideurs tiennent compte des travaux effectués.

UNE POLITIQUE DE LA PRÉVENTION SANS PLAN D'ACTION

De son côté, le député du Parti québécois Sylvain Pagé a rappelé que le gouvernement Couillard s'était doté, en octobre dernier, d'une politique de la prévention en santé - qui est prête depuis 2014 - sans plan d'action. « Le gouvernement a prévu un budget de 74 millions, mais il ne sera déployé qu'à compter de 2018. Pourtant, on reconnaît là-dedans que les ALV constituent un problème important », souligne M. Pagé.

« Par leurs caractéristiques et leur accessibilité, les appareils de loterie vidéo (ALV) et les machines à sous sont, parmi l'ensemble des jeux de hasard et d'argent, les plus susceptibles d'entraîner une dépendance, et ce, de façon plus rapide et avec des effets plus intenses », peut-on lire dans la politique gouvernementale.

Le député Sylvain Pagé critique également le choix du gouvernement et de Loto-Québec de miser sur les retraits volontaires d'ALV pour atteindre son objectif. « Si ça ne suffit pas, il faudra bien forcer le jeu », conclut-il.