Contre toute attente, Ottawa a plié sous la pression des employeurs agricoles québécois qui réclamaient l'abolition d'une mesure « injuste et pénalisante » à l'endroit des travailleurs du Guatemala.

« On peut très certainement parler d'une victoire », a réagi, en entrevue avec La Presse, le directeur général de la Fondation des entreprises en recrutement de main-d'oeuvre agricole étrangère (FERME), Denis Hamel.

Désormais, les ouvriers de la terre venus d'Amérique centrale n'auront plus à se soumettre à la « règle des quatre ans ».

Cette mesure mise en place sous le gouvernement Harper, en 2011, les obligeait à rentrer chez eux après avoir passé quatre ans dans les fermes québécoises, sans avoir le droit de revenir travailler au Québec avant quatre autres années.

Fait à souligner, cette contrainte ne s'appliquait pas aux travailleurs agricoles mexicains, protégés par une entente Canada-Mexique.

DES « PRÉJUDICES INUTILES »

Dans un communiqué cosigné avec sa collègue MaryAnn Mihychuk, ministre de l'Emploi, le ministre de l'Immigration John McCallum a évoqué les « préjudices inutiles » causés par ces restrictions à l'emploi touchant les travailleurs étrangers temporaires pour justifier les changements apportés au programme.

Il faut rappeler qu'une centaine de travailleurs guatémaltèques ont déserté les fermes québécoises qui les employaient, au cours de l'été, comme l'a rapporté La Presse, parce qu'ils craignaient de ne plus pouvoir revenir travailler au Québec en raison de la « règle des quatre ans ».

« On a perdu leur trace et c'est malheureux qu'Ottawa n'ait pas bougé plus rapidement. On aurait sans doute pu éviter ces désertions inutiles, au bout du compte », souligne Denis Hamel.

Il s'attend à ce que les employeurs agricoles embauchent davantage de Guatémaltèques, « maintenant que les règles sont clarifiées ».

Il dit d'ailleurs avoir reçu de « très nombreux messages » d'employeurs agricoles qui se sont dits « soulagés » d'apprendre qu'ils pourraient reprendre leurs employés du Guatemala.

Il raconte que l'un d'eux a téléphoné à son « contremaître Julio », chez lui pour lui annoncer qu'il pourra revenir l'an prochain au Québec.

« Son Julio pleurait de joie à l'autre bout du fil ! », relate-t-il.

LE DOSSIER DES TRAVAILLEURS FLOUÉS

De son côté, l'avocate Susan Ramirez souhaite que le ministre McCallum « donne suite à son intention de délivrer de nouveaux permis de travail » aux 13 travailleurs guatémaltèques qui affirment avoir été « floués » par leur compatriote Esvin Cordon, propriétaire de l'agence de placement Les Progrès, à Victoriaville.

« Il faut leur permettre de travailler pour qu'ils puissent envoyer de l'argent à leurs familles, a commenté leur avocate. Ces travailleurs vont passer les Fêtes loin des leurs. Il faudrait leur redonner leur dignité et un emploi. »

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EN CHIFFRES

• 5425: Nombre de travailleurs mexicains dans les fermes du Québec

• 4034: Nombre de travailleurs guatémaltèques

Source : FERME