La construction de deux navires de ravitaillement de la Marine royale et du futur brise-glace polaire de la Garde côtière canadienne accuse un encore plus grand retard, révèlent des documents déposés à la Chambre des communes.

Les deux navires, au coût estimé de 2,6 milliards et le brise-glace baptisé John G. Diefenbaker, en l'honneur de l'ex-premier ministre, doivent être construits à Vancouver par le constructeur Seaspan.

Le manque de vaisseaux se fait criant alors que des problèmes techniques ont entraîné un retrait précoce des navires de ravitaillement existants des forces armées. L'actuel brise-glace de la garde côtière, le Louis St-Laurent, est pour sa part vieux de 50 ans et doit tirer sa révérence l'an prochain.

Les ministères de la Défense nationale et des Pêches et Océans avaient annoncé l'an dernier que le premier de ces nouveaux navires serait mis à l'eau en 2020. Le plus récent échéancier reporte cette date à 2021, au plus tôt. L'achèvement du Diefenbaker est lui aussi repoussé d'un an, soit vers 2022 ou 2023.

Au dévoilement de la stratégie navale d'Ottawa, en 2010, la mise à l'eau des trois vaisseaux était prévue pour 2018. Cette stratégie nationale de 35 milliards comprend également la construction, à Halifax, d'une flotte de vaisseaux de guerre, de même que de nouveaux navires de patrouille de l'Arctique.

Le renouvellement des flottes canadiennes s'éternise en raison de difficultés rencontrées dans la conception de plans détaillés et dans la gestion de la chaîne d'approvisionnement, affirme le porte-parole du ministère de la Défense nationale, Evan Koronewski.

Le gouvernement fédéral a déjà injecté plusieurs millions de dollars dans l'entretien de la flotte de brise-glaces afin d'en prolonger la durée de vie.

Ces nouveaux retards expliquent l'intérêt de la garde côtière pour la location de brise-glaces. Le mois dernier, l'organisation responsable de la protection des voies navigables canadiennes envisageait déjà de louer jusqu'à cinq brise-glaces du secteur privé.

La Marine royale devra pour sa part s'appuyer sur ses alliés et convertir des navires à cargaison civils afin d'assurer l'approvisionnement en essence et en nourriture de ses vaisseaux en mer.

La capacité de Seaspan à construire des vaisseaux militaires complexes avait été mise en doute par le passé, puisque son expérience s'articule surtout autour de traversiers et de remorqueurs.

David Perry, de l'Institut de recherche canadien des affaires mondiales, porte plutôt le blâme sur les autorités gouvernementales. L'expert en défense soutient qu'Ottawa s'était montré trop optimiste et que sa planification était carrément irréaliste.