Les Forces armées canadiennes sont aimées, mais largement méconnues par la population du pays. Une enquête menée en juin pour le compte du ministère de la Défense nationale, dont La Presse a obtenu copie, révèle que 90 % des répondants ont une opinion favorable ou très favorable des Forces, mais près d'une personne sur deux reconnaît ne pas bien les connaître. Et vous, connaissez-vous bien les Forces armées canadiennes ?

DES SOLDATS APPRÉCIÉS

La marine, l'aviation et l'armée de terre canadiennes comptent 68 000 militaires réguliers, 27 000 réservistes et 24 300 employés civils. Les membres des Forces sont très appréciés de la population canadienne : 59 % des répondants à l'enquête ont indiqué en avoir une opinion très favorable et 31 % ont répondu en avoir une opinion plutôt favorable, pour un total de 90 % d'opinions positives. En revanche, les Canadiens ont une opinion plus ambivalente des Forces armées canadiennes en tant qu'organisation : le taux de répondants estimant qu'elle est une source de fierté chute à 70 %, et seuls 27 % des répondants verraient d'un oeil très favorable qu'un jeune de leur entourage s'y enrôle.

19,7 MILLIARDS

C'est le budget des Forces armées canadiennes pour l'année 2016-2017. Un peu moins de la moitié des Canadiens estiment que c'est insuffisant : 42 % des répondants ont indiqué penser que les Forces armées étaient insuffisamment financées, tandis que 36 % estiment qu'elles sont convenablement financées. L'enquête, menée chaque année afin de permettre « au gouvernement du Canada de mieux comprendre la société canadienne et de cerner les besoins et les attentes des citoyens », explique un porte-parole de la Défense, Daniel Lebouthillier, révèle cependant que seulement 9 % des répondants disent très bien connaître les Forces canadiennes. Quelque 44 % estiment avoir une certaine connaissance des Forces et 35 % avouent ne pas bien les connaître.

LA MENACE TERRORISTE

Environ 1100 membres des Forces armées canadiennes sont actuellement déployés dans le monde, dont plus de la moitié dans le cadre de l'opération Impact, qui constitue la contribution canadienne à la Force de stabilisation au Moyen-Orient qui lutte contre le groupe terroriste État islamique. Le terrorisme est d'ailleurs perçu comme la principale menace planant sur les Canadiens et le Canada, indique l'enquête : 40 % des répondants ayant répondu « terrorisme » et 19 % « État islamique ». Les États-Unis et les politiques américaines ont été identifiés comme la principale menace par 6 % des répondants.

28

Il n'y a que 28 militaires canadiens déployés aujourd'hui au sein d'opérations de paix des Nations unies (ONU). Ils se trouvent principalement en Haïti, en République démocratique du Congo et au Soudan du Sud. En août, le Canada s'est engagé à déployer jusqu'à 600 Casques bleus au sein de missions de l'ONU. L'enquête démontre que 49 % des répondants pensent que la scène internationale doit être la priorité des Forces canadiennes, contre 33 % qui penchent pour la scène intérieure. Les Canadiens préfèrent par ailleurs voir leurs militaires jouer un rôle... non militaire ! Les répondants estiment que le rôle des Forces devrait être l'intervention en cas de catastrophe (85 %), des opérations de non-combat (81 %) et une participation à des opérations de maintien de la paix (80 %).

DES ÉQUIPEMENTS À RENOUVELER

Le feuilleton du remplacement des 80 chasseurs CF-18 de l'Aviation royale canadienne dure depuis des années et accapare l'attention, mais bien d'autres équipements militaires doivent aussi être renouvelés, tout comme les avions de recherche et de sauvetage. La flotte de navires de combat et de navires de patrouille de la Marine royale canadienne et de la Garde côtière doit également être remplacée. La majorité des Canadiens ignorent ces projets d'acquisition, cependant : 60 % des répondants ne sont pas au courant des achats projetés de nouveaux équipements de défense, tandis que 19 % ont répondu être vaguement au courant. Parmi ceux qui se souvenaient avoir entendu parler d'achats d'équipements, seulement 26 % ont mentionné l'acquisition possible de chasseurs F-35.

LE SPECTRE DES BLESSURES PSYCHOLOGIQUES

Au-delà du risque de blessures physiques au combat ou à l'entraînement, ce sont des problèmes de santé mentale qui guettent les militaires. Une étude de Statistique Canada a révélé en 2013 que 48 % des membres des Forces armées canadiennes avaient éprouvé au cours de leur vie un trouble de dépression, de stress post-traumatique, d'anxiété, de panique ou un problème d'alcool. La moitié des Canadiens (48 %) se souvient avoir récemment entendu parler des problèmes de santé des militaires. De ce nombre, 54 % des répondants ont évoqué la santé mentale, notamment le syndrome de stress post-traumatique. Il s'agit d'une augmentation importante en cinq ans, puisque ce taux était de 19 % en 2011.

- Avec William Leclerc, La Presse