Le refus du gouvernement Couillard de débattre dès maintenant du salaire minimum à 15 $ déçoit le président de la CSN, Jacques Létourneau, qui se demande pourquoi le Québec ne pourrait pas le hausser à ce niveau puisque l'Alberta, qui traverse une situation économique difficile, vient de le faire.

Le Parti québécois et Québec solidaire insistent depuis des mois pour que des pas en ce sens soient franchis. Et la plus récente tentative de Québec solidaire pour faire qu'une commission parlementaire étudie au moins la question a été battue en brèche par les députés libéraux, qui ont voté contre une motion en ce sens.

Au cours d'une entrevue, mercredi à Lévis, au conseil confédéral de sa centrale, le président de la CSN s'est dit déçu, mais en même temps « pas surpris » de l'attitude du gouvernement Couillard dans le dossier du salaire minimum à 15 $.

Le 22 août dernier, pourtant, le premier ministre s'était dit ouvert à faire le débat, à la condition que tous les points de vue soient entendus. Les petites et moyennes entreprises, notamment, sont extrêmement réticentes à une telle augmentation du salaire minimum, évoquant même des pertes d'emplois s'il était haussé à ce niveau.

« C'est décevant, parce que je pense que les conditions sont réunies pour augmenter le salaire minimum au Québec. Si l'Alberta est capable de le faire, pourquoi le Québec ne serait pas capable de le faire? Mais disons que le signal qui est envoyé par le premier ministre, ça n'annonce rien de bon en la matière », a-t-il opiné au cours d'une entrevue.

M. Létourneau soupçonne que le gouvernement veut noyer le débat sur le salaire minimum à 15 $ dans un plus grand ensemble, soit dans le cadre d'un débat sur un revenu minimum garanti, soit par le biais d'autres programmes ou mesures fiscales pour aider les gens à faible revenu.

Sommet sur l'emploi

Par ailleurs, maintenant que l'on sait que le sommet sur l'économie et l'emploi aura lieu en février, le président de la CSN a prévenu le gouvernement qu'il n'avait pas l'intention de participer à « un show de boucane ».

Ce sommet, pour lequel des rencontres préliminaires doivent avoir lieu en novembre, doit réunir les différents partenaires du marché du travail en compagnie de plusieurs ministres du gouvernement Couillard.

M. Létourneau a dit tenir à ce que ce futur sommet ne se contente pas de se pencher sur une meilleure adéquation entre la formation et l'emploi, ainsi que sur les changements qui bouleverseront le marché du travail au cours des 10 ou 15 prochaines années.

Le dirigeant syndical a dit tenir mordicus à ce que les participants réfléchissent également à différentes stratégies d'intervention pour stimuler certains créneaux de l'activité économique. Des politiques en matière industrielle et manufacturière lui semblent essentielles.

« On a l'impression que le gouvernement est plutôt porté à laisser la question économique aller en fonction des lois du marché, donc pas très interventionniste », a déploré M. Létourneau, pour justifier son expression de « show de boucane ».

« On n'est pas juste là pour réfléchir aux conséquences du développement économique », a-t-il insisté, réclamant des stratégies de développement économique.

Il se dit néanmoins optimiste à la suite de ses derniers échanges sur la question avec le gouvernement. « On nous a quand même annoncé que les ministres économiques seraient présents. Jusqu'à maintenant, on est satisfait de la réponse du premier ministre, qui nous a confirmé que pour l'économie et l'emploi, le mariage se ferait », a conclu M. Létourneau.

Quelque 200 délégués participent à cette réunion du conseil confédéral de la Confédération des syndicats nationaux jusqu'à vendredi, à Lévis.