Le ministre de la Défense, Harjit Sajjan, réfléchira à la possibilité d'accorder aux Premières Nations la permission de faire directement appel à l'armée lorsque leurs traités, leur environnement ou leurs autres droits sont menacés.

Lors d'une rencontre à Winnipeg mercredi, Ron Swain, le chef adjoint du Congrès des peuples autochtones, a dit à M. Sajjan que les communautés des Premières Nations méritaient d'avoir les mêmes droits que les gouvernements provinciaux, qui peuvent en vertu de la Loi sur la défense nationale demander à l'armée d'intervenir en cas d'agitation civile ou durant d'autres crises.

Les Premières Nations estiment qu'elles devraient aussi pouvoir recourir aux forces armées pour protéger la souveraineté de leur territoire et défendre leurs traités, a fait valoir M. Swain en marge de la réunion privée qui rassemblait une dizaine de leaders et d'intellectuels autochtones.

La rencontre, qui portait surtout sur les enjeux concernant les Premières Nations, est l'une des nombreuses discussions auxquelles M. Sajjan participera partout au pays dans le cadre de l'examen de la politique du gouvernement fédéral en matière de défense.

Ron Swain, dont l'organisme représente les Autochtones et les Métis ne vivant pas dans des réserves, a cité l'exemple de la crise d'Oka en 1990 durant laquelle le gouvernement du Québec avait appelé l'armée en renfort afin de rétablir l'ordre à la suite de plusieurs affrontements entre les policiers et des manifestants mohawks.

Il a affirmé que les communautés des Premières Nations devraient également avoir la possibilité de demander aux forces armées de les défendre dans des cas semblables ou lorsqu'un projet de développement représentant un risque pour l'environnement se déroule sur leur territoire sans leur consentement.

M. Swain a évoqué la dispute impliquant la tribu sioux Standing Rock dans le Dakota du Nord relativement à la construction d'un oléoduc.

«Notre peuple et nos communautés sont très inquiètes au sujet de l'eau et des autres problèmes liés aux pipelines», a-t-il souligné.

Interrogé au sujet de la requête, un porte-parole de Harjit Sajjan a offert une réponse prudente.

«Nous remercions le chef adjoint Swain de nous avoir soumis cette idée. C'est certainement quelque chose que nous considérerons alors que nous poursuivons le processus d'examen de notre politique», a indiqué Jordan Owens, le secrétaire de presse du ministre.

Plus tôt mercredi, M. Sajjan avait annoncé que la réunion permettrait d'aborder une grande variété de sujets, allant des Rangers canadiens, un groupe de la Réserve des Forces armées canadiennes essentiellement composé d'Autochtones qui contribue à patrouiller dans le Nord, aux occasions d'emploi pour les jeunes Autochtones au sein de l'armée.