Alors que les citoyens de Lac-Mégantic continuent de réclamer une voie de contournement ferroviaire au centre-ville, un problème subsiste à la source: les incidents de trains partis à la dérive - comme cela s'était produit lors de la tragédie de 2013 - sont encore relativement fréquents.

Seulement depuis le début de l'année 2016, 24 incidents du genre se sont produits, selon des données du Bureau de la sécurité des transports (BST) fournies à La Presse canadienne.

Le BST a recensé 42 événements du genre en 2015, alors qu'il y en avait eu 30 en 2014. Le bilan de l'année 2015 est donc beaucoup plus sombre que la moyenne d'incidents enregistrée sur cinq ans, qui s'élève à 36.

Dans le suivi de ses recommandations sur le drame de Lac-Mégantic, le BST note que «d'autres mesures s'imposent pour réduire le risque que du matériel parte à la dérive et atténuer adéquatement ce risque».

Depuis le drame à Lac-Mégantic, le ministère fédéral des Transports a mis en place plusieurs recommandations du BST afin d'éviter de telles catastrophes, mais ce n'est visiblement pas suffisant, selon le BST.

Dans un courriel, Transports Canada a soulevé que le BST avait élargi ses exigences pour rapporter ces événements, «ce qui a eu pour effet d'augmenter considérablement le nombre d'incidents qui leur sont signalés».

«Ceci étant dit, ces nouvelles exigences permettront à Transports Canada de s'acquitter encore mieux de ses fonctions, en nous permettant de cerner les endroits où une surveillance accrue pourrait s'avérer nécessaire», a indiqué Natasha Gauthier, porte-parole du ministère, dans un courriel à La Presse canadienne.

Le maire de Lac-Mégantic, Jean-Guy Cloutier, refuse toutefois de comparer le déraillement tragique de 2013 avec les tous les autres incidents survenus dernièrement au Canada. La voie de contournement demeure la seule option valable pour lui, même si le ministère des Transports a encore beaucoup de travail à faire sur d'autres fronts.

«Il ne faut pas qu'on me dise que les déraillements dans l'ensemble du Canada sont comparables avec Lac-Mégantic. Ce n'est pas vrai, c'est pas comparable», a-t-il tonné en entrevue téléphonique.

«Notre collectivité est rendue malade par rapport à cette catastrophe-là. Elle n'en veut plus de train», a-t-il ajouté.

La municipalité peaufine actuellement son plan sur la voie de contournement, qu'elle devrait terminer au printemps 2017. La demande sera ensuite présentée au gouvernement fédéral, qui sera appelé à trancher sur la question.

La fin de semaine dernière, la Coalition des citoyens et organismes engagés pour la sécurité ferroviaire et une centaine de manifestants ont fait part de leur impatience face au gouvernement Trudeau, jugeant qu'il ne respecte pas sa promesse d'établir une voie de contournement.

Mais M. Cloutier juge qu'il faut bien préparer le dossier avant de l'envoyer à Ottawa. «Quand on va y aller, on va être en mesure de travailler, puis de faire ça rapidement», a-t-il souligné.