Le retour progressif et sur une base volontaire des habitants évacués de Fort McMurray, ville pétrolière de l'Alberta, dans l'Ouest canadien, encerclée par les feux de forêt, est programmé sur deux semaines à partir du 1er juin.

Cependant, ce retour dans la ville ne se fera que si la sécurité est maximale et que les infrastructures ont été remises en état.

« Nous prévoyons que les résidents, sur une base volontaire et progressive, seront autorisés à commencer à revenir à Fort McMurray à partir du mercredi 1er juin », a déclaré Rachel Notley, première ministre de la province.

Cinq conditions essentielles doivent être remplies avant d'engager les premiers retours, dont la première est la qualité de l'air et l'absence de tout danger de feux aux abords de Fort McMurray. Depuis le déclenchement de l'incendie le 1er mai, une superficie totale de 4230 km2 a été ravagée par les flammes dans la région, soit 680 km2 de plus en 24 heures, a dit Mme Notley.

Le temps sec et les vents soutenus ont favorisé l'avancée rapide des flammes, avec une menace directe sur les installations pétrolières situées à plusieurs dizaines de kilomètres au nord de la ville. Un foyer hors de contrôle borde la frontière de la province voisine de la Saskatchewan.

Outre la sécurité, d'autres conditions sont nécessaires avant le retour des populations, comme la réouverture de toutes les rues et routes dans la ville, à l'exception des quartiers dévastés par le feu, la disponibilité des services d'urgence et la remise en état des réseaux électriques et de gaz.

Les banques, les magasins d'alimentation, les services municipaux doivent aussi être ouverts avant le retour des premiers résidents, a détaillé Mme Notley.

Le retour des habitants, pour ceux qui le souhaitent et dont le logement a été épargné, est prévu sur les 15 premiers jours de juin, date à laquelle « l'hôpital sera pleinement opérationnel ». Cet établissement de santé a été sauvé des flammes mais a subi des dommages et sa réhabilitation ne permettra pas tout début juin « d'offrir aux malades des soins obstétriques, de dialyse ou de longue durée », selon Mme Notley.

Écoles fermées jusqu'en septembre

En étalant les retours, les autorités veulent aussi éviter les encombrements et les complications inhérents à un afflux massif de population. Près de 100 000 personnes ont été obligées d'évacuer en toute hâte il y a deux semaines Fort McMurray et les bourgades environnantes.

« Nous prévoyons que bon nombre de personnes ne reviendront pas dès le 1er juin et nous les aiderons dans cette décision », a promis Mme Notley en faisant référence particulièrement aux familles avec des enfants scolarisés. Les portes des écoles de Fort McMurray resteront de toute façon fermées jusqu'en septembre.

La première ministre a demandé aux candidats au retour d'emporter avec eux de « trois à sept jours de nourriture et d'eau », car un avis conseillant de faire bouillir son eau restera en vigueur un certain temps.

Des moyens importants sont déployés pour protéger des flammes les installations pétrolières, comme les immenses bases de vie hébergeant en temps ordinaire les dizaines de milliers de travailleurs du pétrole dans de véritables villages de préfabriqués avec tous les services nécessaires.

Les groupes pétroliers Suncor et Syncrude, qui avaient rapatrié en fin de semaine dernière une grande partie de leurs employés afin de relancer la production, ont évacué environ 8000 personnes vers le nord, ne laissant que quelques dizaines d'employés formés à la lutte contre les incendies. Aucune reprise de la production de pétrole n'était programmée pour ces compagnies, avec comme impact une baisse de plus d'un million de barils par jour de brut en production.

Dans l'ensemble de la province, 18 feux étaient toujours actifs, dont trois hors de contrôle, selon le service d'incendie.

Au total, près de 2000 pompiers combattent les flammes en Alberta, aidés de 189 hélicoptères, 29 avions bombardier d'eau et environ 400 engins de travaux publics pour déboiser des zones tampons entre la forêt boréale et les bâtiments.