Un autre rapport confirme l'importance de la pauvreté en milieu autochtone au Canada. Le taux de pauvreté des enfants vivant dans les réserves s'est même aggravé, ces dernières années, pour atteindre 60 %. Le Québec fait toutefois meilleure figure que la plupart des autres provinces.

Le rapport du Centre canadien de politiques alternatives, dévoilé mardi, révèle en effet que le taux de pauvreté des enfants autochtones sur les réserves est passé de 56 % en 2005 à 60 % en 2010.

C'est au Québec que le taux de pauvreté des enfants des Premières nations vivant dans les réserves est le plus bas au pays, soit de 37 %. À titre de comparaison, ce taux est de 69 % en Saskatchewan, voire de 76 % au Manitoba.

C'est d'ailleurs au Québec que l'écart entre le taux de pauvreté des enfants autochtones vivant dans les réserves et celui des enfants non autochtones est le plus faible, note le rapport, intitulé «Négligence honteuse».

De façon générale, les enfants autochtones au pays courent deux fois et demie plus de risques de vivre dans la pauvreté que les enfants non autochtones. Ainsi, le taux de pauvreté pour l'ensemble des enfants au pays était en 2010 de 18 %. Il était de 17 % pour les enfants non autochtones, de 38 % pour l'ensemble des enfants autochtones, de 60 % pour les enfants vivant dans les réserves et de 31 % pour les enfants hors réserves.

Si le Québec se tire mieux d'affaire, c'est principalement grâce aux Cris de la Baie-James et aux Inuits, qui touchent des revenus des ressources naturelles sur leur territoire respectif.

Dans le cas des Cris, c'est l'entente baptisée la Paix des braves, qui leur a donné accès à des revenus de 70 millions provenant des projets hydroélectriques. Dans le cas des Inuits, ce sont des redevances qui sont versées à la communauté sur l'ensemble des ressources naturelles exploitées sur le territoire, souligne le Centre canadien de politiques alternatives.

Il souligne d'ailleurs que le taux de pauvreté chez les enfants inuits du Québec atteint 18 %, un taux qui est similaire à celui de l'ensemble des enfants de la province, soit 16 %.

«L'expérience vécue par les Cris de la Baie-James et les Inuits du Nunavik démontre que l'éloignement ne condamne pas nécessairement à la pauvreté infantile», écrivent les auteurs du rapport, David Macdonald et Daniel Wilson.

Dans les Provinces atlantiques, le taux de pauvreté des enfants autochtones vivant hors des réserves tourne autour de 27 %; il est d'environ 59 % pour les enfants autochtones vivant dans les réserves.

Les auteurs rappellent que la pauvreté peut être aggravée par d'autres phénomènes, comme le sous-financement des écoles, les logements surpeuplés, le manque d'accès à de l'eau potable, le sous-financement des services sociaux.

Pour leurs recommandations, les auteurs suggèrent d'améliorer les perspectives d'emploi, de tenir des statistiques à jour sur la pauvreté sur les réserves et les territoires, d'améliorer le soutien au revenu et d'envisager des solutions à long terme.

Le gouvernement Trudeau a déjà fait de l'amélioration des conditions de vie des communautés autochtones l'une de ses priorités.

Le budget Morneau, déposé en mars dernier, prévoyait 8,4 milliards à cet effet au cours des cinq prochaines années - un investissement qualifié de «sans précédent». La moitié de cette somme doit être consacrée à l'éducation, l'autre moitié au logement, à l'eau potable et aux soins de santé.

- le taux de pauvreté des enfants autochtones vivant dans les réserves atteint 76 % au Manitoba, le taux le plus élevé au pays

- le taux de pauvreté des enfants autochtones vivant hors des réserves atteint 39 % au Manitoba, le taux le plus élevé au pays

- le taux de pauvreté des enfants autochtones vivant dans les réserves atteint 37 % au Québec, le taux le plus bas au pays

- le taux de pauvreté des enfants autochtones vivant hors des réserves atteint 24 % au Québec, le taux le plus bas au pays.