La région de Fort McMurray continuait d'être ravagée par un incendie de forêt toujours en croissance, hier, alors que des dizaines de milliers de personnes évacuées attendaient de connaître le sort que le brasier a réservé à leur maison. Et elles attendront encore longtemps avant de pouvoir constater de visu les dégâts, a annoncé leur première ministre.

AVERTISSEMENT DE LA PREMIÈRE MINISTRE

« Malheureusement, nous savons que ce ne sera pas une question de jours. » C'est l'avertissement lancé en début de soirée par la première ministre albertaine aux résidants de Fort McMurray pressés de rentrer chez eux. « Je dois être très, très sincère : il est clair que les dommages infligés à la ville sont importants et celle-ci n'est pas sécuritaire pour le moment », a ajouté Rachel Notley en conférence de presse. « Les pompiers continuent à combattre un incendie de forêt très dangereux. »

UN INCENDIE TOUJOURS EN EXPANSION

Mme Notley a aussi confirmé que « l'incendie avait pris de l'expansion » hier, malgré les efforts de l'armée de pompiers dépêchée sur place. Bonne nouvelle toutefois : « la vitesse de croissance du brasier a été moindre » que mercredi, a indiqué la première ministre, alors que des vents atteignant 70 km/h nourrissaient les flammes. Selon le dernier décompte officiel, 85 000 hectares de forêt ont brûlé depuis le début de la catastrophe.

DES MILLIARDS EN DOMMAGES

La catastrophe pourrait coûter 9 milliards aux assureurs si la totalité de Fort McMurray était touchée, a évalué la Banque de Montréal dans une analyse publiée hier. Selon la CBC, l'économiste Tom MacKinnon a basé ses prévisions sur l'incendie de forêt qui avait ravagé Slave Lake en 2011. Cette somme n'inclut pas les impacts sur l'économie canadienne. Selon Robert Kavcic, un autre économiste de la Banque de Montréal cité par la CBC, la catastrophe de Slave Lake avait faire perdre cinq points au PIB du secteur pétrolier.

DES AVIONS-CITERNES DU QUÉBEC À LA RESCOUSSE

Quatre avions-citernes québécois devraient arriver aujourd'hui dans la région afin de combattre les flammes. « On va tout envoyer : du monde, des avions », a expliqué le premier ministre Philippe Couillard au Soleil de Québec. « Je veux qu'on y aille, je veux qu'on aide, a-t-il poursuivi. Imaginez, 80 000 personnes évacuées. Un désastre apocalyptique, je pense que le mot est juste. Il est clair que mon bureau est en lien avec le bureau de Mme [Rachel] Notley. Tout ce qu'il est possible de faire, on va le faire. »

COINCÉS DANS DES CAMPS ISOLÉS

Les réfugiés de la capitale canadienne des sables bitumineux se sont dispersés un peu partout dans le nord de l'Alberta, réunis par les médias sociaux et les tribunes téléphoniques. Des milliers d'entre eux sont toutefois toujours coincés dans des camps de travail isolés, situés dans les zones de sables bitumineux au nord de Fort McMurray. Leur situation serait particulièrement difficile, en raison des problèmes d'approvisionnement en nourriture. Selon le gouvernement albertain, 4000 d'entre eux ont été évacués hier avant 18 h et 4000 autres devaient l'être avant la fin de la journée.

DES RÉFUGIÉS SYRIENS PARMI LES ÉVACUÉS

Alors que les membres de la famille de Fahed Labek ayant fui la guerre civile syrienne quittaient Fort McMurray, ils ont regardé les flammes menaçant d'engouffrer leur ville d'adoption. « Ils ont dit : "D'accord. Nous avons laissé un brasier et maintenant, nous en voyons un autre" », a raconté M. Labek, qui a été chassé de Fort McMurray par l'incendie de forêt, mardi. L'homme de 43 ans vit dans la municipalité albertaine avec sa femme et leurs deux enfants. Il a accueilli sa mère ainsi que sa soeur, son beau-frère et leurs deux rejetons dans sa maison à la fin de février. Ils font partie des six familles de réfugiés syriens qui se sont installées à Fort McMurray au cours des derniers mois. Toutes ces familles avaient en principe réussi à quitter la ville assiégée par les flammes en toute sécurité, a indiqué Amany Darwish, présidente d'un organisme à but non lucratif ayant aidé certains de ces nouveaux arrivants à s'intégrer à leur communauté d'accueil.

- Avec Le Soleil et La Presse Canadienne