Une autre personne détenue par les autorités canadiennes de l'immigration est décédée, lundi, et les groupes de défense des droits réclament plus de transparence et des gestes concrets afin de prévenir ces drames.

L'Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) a indiqué mardi, par voie de communiqué, qu'une personne était décédée à son Centre de détention de l'est de Toronto, sans donner plus de détails sur les circonstances, l'identité de la personne détenue ou sa nationalité.

Les défenseurs des droits des migrants dénoncent depuis longtemps cette pratique qui permet de détenir - souvent dans des prisons provinciales, en compagnie de criminels - des étrangers qui auraient transgressé les règles en matière d'immigration sans pour autant faire l'objet d'une accusation. Selon certains organismes, au moins 13 personnes seraient mortes depuis 2000 alors qu'elles étaient détenues par les autorités canadiennes de l'immigration.

Un rapport de l'Université de Toronto concluait l'an dernier que près du tiers des étrangers détenus au Canada étaient placés dans des institutions réservées aux criminels. Selon le rapport, ces détentions contreviennent aux lois internationales en matière de droits de la personne et constituent un traitement cruel, inhumain et dégradant.

En juin dernier, un homme d'abord détenu par les autorités de l'immigration était mort après son transfert dans un hôpital de Peterborough, en Ontario. Dans un communiqué publié 18 heures après le décès, l'Agence des services frontaliers n'avait donné aucun détail.

On a appris plus tard que l'homme, âgé de 39 ans, avait été escorté par la police jusqu'à l'hôpital, et que l'enquête avait été confiée à l'Unité des enquêtes spéciales - la «police des polices», en Ontario. Cette unité a ensuite indiqué qu'elle se pliait aux souhaits de la famille quant à la non-divulgation de l'identité de la victime.

Les autorités de l'immigration transfèrent souvent des détenus dans des prisons provinciales, une pratique «très problématique», selon le Conseil canadien pour les réfugiés. «L'ASFC est responsable de la santé et du bien-être des détenus. Or, une fois que ces détenus se trouvent dans une prison provinciale, (l'agence) n'a plus aucune supervision sur eux», déplore la présidente du conseil, Loly Rico.

Le président de l'Association canadienne des avocats et avocates en droit des réfugiés, Mitch Goldberg, soutient quant à lui que la population a le droit de savoir ce qui s'est passé. «Personne ne devrait mourir en détention à l'immigration», a-t-il estimé mercredi.

Des observateurs soutiennent que ces tragédies successives devraient militer en faveur d'une plus grande supervision de la police frontalière, qui jouit d'un immense pouvoir d'arrestation et de détention. «L'ASFC est la seule autorité policière majeure au Canada à ne pas faire l'objet d'une supervision indépendante», déplore Laura Track, de l'Association des libertés civiles de Colombie-Britannique.