L'archevêque de Toronto ne croit pas que l'Église catholique est si déphasée par rapport à l'opinion publique sur la question de l'aide médicale à mourir.

Le cardinal Thomas Collins s'est invité dans le débat sur le suicide assisté, dimanche, en lisant une déclaration de la position de l'Église à la messe du dimanche. Une version écrite ou filmée était présentée dans plus de 200 églises de l'archidiocèse de Toronto.

Durant son sermon, le cardinal a affirmé que les gens étaient «aveuglés par les beaux mots» et que l'aide à mourir était «destructrice pour l'humain, destructrice pour notre société, notre communauté».

À l'extérieur de l'église, M. Collins a déclaré à des journalistes qu'il croyait que la plupart des Canadiens n'avaient pas énormément pensé à la question, et que lorsqu'ils le feraient, ils remettraient peut-être leur position en question.

Le gouvernement fédéral est en train d'élaborer des lois entourant l'aide médicale à mourir. L'an dernier, la Cour suprême a invalidé l'interdiction de l'aide médicale à mourir et a donné au gouvernement jusqu'à juin pour déposer un projet de loi. D'ici là, les Canadiens qui souhaitent une mort assistée doivent obtenir la permission de la Cour supérieure. Au Québec, toutefois, la Loi sur les soins de fin de vie est en vigueur depuis le 10 décembre.

Le Collège des médecins et chirurgiens de l'Ontario a préparé un guide intérimaire pour l'aide à mourir, en prévision de sa légalisation par le fédéral. Le guide indique qu'un médecin n'est pas forcé d'offrir d'aider un patient à mourir, mais qu'en refusant, il doit le référer à un médecin prêt à le faire.

Dans sa déclaration, Thomas Collins a affirmé que ce renvoi de patient était, pour ces médecins, une «violation de conscience». Il a ajouté que le fait de forcer les médecins catholiques à référer les patients à d'autres médecins prêts à offrir le service était équivalent à de la discrimination religieuse.

Le Collège des médecins a indiqué, par communiqué, qu'il ne croyait pas à cet argument. La porte-parole Kathryn Clarke a affirmé qu'un renvoi «ne laisse pas présager et ne garantit pas» que l'aide à mourir sera donnée.

Un comité parlementaire recommande que les Canadiens en phase terminale aient accès à l'aide à mourir sans trop d'obstacles et que les gens atteints de maladies mentales ne soient pas exclus. Les «mineurs matures» devraient aussi être inclus.

Le cardinal Collins a exprimé son désaccord avec ces recommandations ainsi qu'avec le fait de permettre à des gens atteints de maladies dégénératives comme la démence de prévoir la date de leur mort à l'avance. Il a aussi exhorté les membres de l'Église à contacter leur député pour exprimer leur inquiétude sur cette nouvelle loi.