Le ministre de la Santé et de la Justice du Nunavut a remis sa démission pour contester l'intention du gouvernement d'ouvrir un magasin d'alcool sur le territoire.

Paul Okalik a déclaré en chambre que, en tant qu'ancien alcoolique, il ne pouvait appuyer ce plan qui ne prévoit pas de mesures additionnelles pour traiter les dépendances de ses concitoyens.

M. Okalik, qui est également un ancien premier ministre, a dit au réseau anglais de Radio-Canada qu'il n'était pas contre l'ouverture du commerce, mais qu'il voudrait d'abord que le territoire établisse un centre de traitement des dépendances.

Il a confié à CBC qu'il avait beaucoup hésité avant de prendre sa décision, mais qu'il avait fini par «suivre son coeur».

Dans un communiqué, le premier ministre Peter Taptuna a annoncé qu'il avait accepté la démission de son ministre, ajoutant qu'il nommerait un remplaçant la semaine prochaine.

M. Taptuna a aussi tenu à remercier Paul Okalik pour son travail au sein du gouvernement.

Le dernier magasin d'alcool à Iqaluit a fermé ses portes dans les années 1970 et depuis ce temps, l'ouverture d'un nouveau commerce suscite des débats émotifs au Nunavut. Certaines personnes avancent que la ville se développe, ce qui créé le besoin d'ouvrir un tel commerce, tandis que d'autres craignent que l'accès accru à l'alcool aggrave les problèmes sociaux bien présents dans les communautés nordiques.

L'année dernière, les résidants de la capitale du Nunavut ont voté massivement en faveur de l'ouverture d'un magasin spécialisé dans la vente de bière et de vin. Plus des trois quarts des citoyens avaient approuvé la proposition.

L'alcool est strictement contrôlé au Nunavut, mais il existe un problème de contrebande.

Les citoyens du territoire qui commandent de l'alcool doivent attendre de trois à quatre jours avant de pouvoir aller récupérer leurs achats dans un entrepôt gouvernemental hautement sécurisé. Les produits sont onéreux - les résidants peuvent débourser jusqu'à 60 $ pour une caisse de 24 bouteilles de bière.

Ils peuvent aussi se procurer un permis d'importation d'alcool et commander eux-mêmes leurs boissons. Cette pratique entraîne des frais moindres, mais la livraison prend autant de temps.

Certaines communautés ont même des comités où l'on choisit qui peut acheter de l'alcool, en quelle quantité et à quelle fréquence. Certaines communautés, en théorie, n'acceptent pas une goutte d'alcool sur leur territoire.

Le Nunavut a un gouvernement de consensus et il n'existe pas de partis politiques sur le territoire. Le premier ministre et le cabinet sont choisis parmi les députés, et le reste des membres de l'assemblée forment l'opposition.