L'accueil au Canada de 25 000 réfugiés syriens en un an suscite l'intérêt d'un comité sénatorial américain, qui évalue les impacts de ce programme sur la sécurité intérieure aux États-Unis.

Le comité sénatorial sur la sécurité intérieure, à majorité républicaine, entend notamment, mercredi, les témoignages de deux Canadiens qui se sont montrés critiques à l'égard de l'accueil massif de réfugiés syriens.

David Harris, d'Ottawa, qui a déjà travaillé pour le Service canadien du renseignement de sécurité, laisse entendre que l'un des moyens de se prémunir contre la menace terroriste serait d'accueillir moins d'immigrants. Par ailleurs, un avocat de Toronto spécialisé en immigration, Guidy Maman, qualifie d'irréalistes les objectifs chiffrés d'accueil de réfugiés du gouvernement libéral.

Le syndicat des douaniers américains soutient aussi que la frontière avec le Canada est poreuse et qu'il faut embaucher davantage d'agents.

En contrepartie de ces témoignages plutôt hostiles, un sénateur démocrate verse au dossier une lettre de l'ambassade canadienne à Washington. Ottawa y décrit les diverses mesures mises en place par les autorités canadiennes pour sélectionner soigneusement les 25 000 réfugiés, et vante la coopération exemplaire avec les autorités américaines responsables de la sécurité.

Ottawa prévient aussi les sénateurs américains que ces réfugiés ne deviendront pas citoyens canadiens avant plusieurs années, et qu'ils devront obtenir un visa pour entrer aux États-Unis. La lettre a été déposée par le sénateur Thomas Carper, démocrate influent au sein du comité. Le sénateur du Delaware semble être un défenseur des intérêts du gouvernement canadien au comité. Selon lui, cet afflux soudain de réfugiés n'exigera pas du Canada qu'il baisse la garde lors du processus de sélection.

«J'estime que nous devrions soutenir notre allié le Canada, qui veut bien faire, a soutenu le sénateur Carper. Par ailleurs, ne perdons pas de vue notre objectif ultime. En s'en prenant aux réfugiés qui arrivent aux États-Unis ou au Canada, on se détourne de notre réel défi: vaincre le groupe armé État islamique sur le terrain et lutter contre l'extrémisme violent chez nous.»

La question des réfugiés est devenue très chargée aux États-Unis en cette année d'élection à la présidence. Les républicains ont critiqué l'intention du président Barack Obama d'accueillir 10 000 réfugiés cette année - soit beaucoup moins que le Canada. Certains candidats républicains ont même souhaité que les États-Unis n'accueillent aucun réfugié cette année.