La présidente d'une marche annuelle tenue à Vancouver en mémoire des femmes autochtones assassinées ou disparues dit craindre que la commission d'enquête nationale promise par le gouvernement fédéral sur cette question ne tienne pas compte d'un aspect très important: le féminisme.

Fay Blaney, qui copréside le comité de la February 14th Women's Memorial March, soutient que la commission d'enquête devrait prendre comme point de départ les obstacles auxquels les femmes autochtones sont confrontées au sein de la société canadienne.

La ministre des Affaires autochtones, Carolyn Bennett, fait présentement le tour du pays pour rencontrer les familles, les survivantes et les représentants autochtones afin de connaître leurs attentes par rapport à l'investigation.

Mme Blaney a participé à une audience d'une journée à Vancouver mercredi dernier et souhaite pouvoir discuter des paramètres de l'enquête avec la ministre.

La militante affirme que l'affaire doit être abordée avec une perspective féministe parce que c'est l'égalité des femmes autochtones qui est en cause, mais qu'elle n'a malheureusement pas senti que le gouvernement avait l'intention d'aller dans ce sens.

Fay Blaney n'est pas la seule à s'inquiéter puisque de plus en plus d'intervenants de première ligne et de groupe d'activistes ont peur d'être exclus du processus. Selon elle, les consultations se concentrent surtout sur les proches, une voix importante mais qui ne correspond qu'à une seule des nombreuses façons d'envisager le problème.

Le comité de Mme Blaney milite toute l'année en faveur des droits des femmes du Downtown Eastside, un quartier chaud de Vancouver. Il compte parmi les nombreux organismes, dont Vancouver Rape Relief & Women's Shelter, à avoir envoyé une lettre à la ministre Bennett pour solliciter une rencontre.

La porte-parole de Rape Relief, Hilla Kerner, fait valoir qu'une perspective féministe obligerait la commission d'enquête à examiner les relations de pouvoir ayant un effet sur les femmes autochtones.

«Les femmes autochtones sont vulnérables à la violence masculine d'abord et avant tout parce qu'elles sont des femmes, ensuite parce qu'elles sont autochtones et après parce qu'elles sont pauvres, martèle-t-elle. L'intersection entre colonialisme et sexisme joue un rôle crucial.»

Sabrina Williams, une représentante du ministère, assure que les organismes de première ligne sont invités aux réunions, qui doivent prendre fin à Ottawa le 15 février.

Elle révèle que les participants ont jusqu'ici insisté sur la nécessité que la commission d'enquête adopte un point de vue autochtone et qu'elle traite des origines de la violence ainsi que de l'influence des pensionnats indiens.