L'agence scientifique canadienne devra attendre deux années de plus pour remplacer le système informatique infiltré à l'été 2014, et les chercheurs devront se fier à l'ancien système en attendant, révèlent des documents.

Le Conseil national de recherches du Canada (CNRC) a été forcé de fermer son réseau informatique en juillet 2014, après que des pirates informatiques eurent réussi à plusieurs reprises à accéder à des systèmes contenant des recherches sensibles, des secrets commerciaux et des informations personnelles.

Ottawa soupçonnait un groupe de pointe commandité par le gouvernement chinois, ce que Pékin a vivement nié.

Dans les 12 mois qui ont suivi, un réaménagement de 32,5 millions de dollars des réseaux du conseil, comprenant un nouveau système et des ordinateurs portables neufs pour les employés, était prévu.

Ces ordinateurs sont arrivés, et des contrôles de sécurité améliorés sont en place.

Selon le porte-parole du CNRC, Charles Drouin, seul un investissement « modeste » dans l'ancien système a été fait pour rétablir la productivité de l'agence.

La majeure partie du réseau de recherche est construite. Les derniers éléments devraient être en place en avril, a écrit dans un courriel M. Drouin.

Des documents obtenus par La Presse Canadienne, en vertu de la Loi sur l'accès à l'information, laissent entendre que le processus de remplacement s'est révélé beaucoup plus compliqué que prévu. Une présentation datée du 30 juin démontre que, plutôt qu'en juillet 2015, le nouveau système informatique ne sera en place qu'en juillet 2018.

Le document indique que Services partagés Canada, le département de la technologie informatique du gouvernement, espérait que la productivité soit revenue à la normale à la fin de 2015.

Pendant ce temps, certains des plus grands chercheurs du gouvernement devaient travailler sur l'ancien système « compromis » ainsi que sur le nouveau système en construction - une méthode de travail peu efficace, peu sécuritaire et coûteuse.

Garder le système en marche juste en deçà de sa pleine capacité n'était possible que grâce aux « efforts extrêmes » du personnel qui trouvait intenables les solutions de redressement.

Un retour à la productivité normale serait une étape importante pour les travailleurs supervisant le projet et leur permettrait de faire migrer les dossiers et programmes sur le nouveau système « à un rythme et un coût qui soient réalisables ».

La facture pour le conseil de recherches a été évaluée à 20 millions, un montant qui grossissait à mesure qu'échouaient les solutions de redressement. Les coûts des retards sont actuellement évalués à 800 000 $ par semaine.

Personne de Services partagés Canada et du CNRC n'a pu répondre aux demandes d'entrevue.