Le Mouvement autonome et solidaire des sans-emploi (MASSE) s'inquiète de la confusion qui entoure l'entrée en vigueur des nouvelles dispositions de l'assurance-emploi touchant les prestations de compassion.

Le précédent gouvernement conservateur avait annoncé, dans son budget d'avril 2015, que la durée de ces prestations de compassion passerait de six semaines à six mois, à compter de janvier 2016, donc ces jours-ci.

Or, on avait moins insisté à l'époque sur le fait que ces prestations de compassion ne sont versées qu'à ceux qui prennent soin non pas d'un proche malade ou âgé, mais d'un proche «mourant» ou qui «risque de mourir».

La documentation du programme d'assurance-emploi stipule qu'un médecin doit même signer un formulaire attestant que la personne malade «risque fortement de décéder au cours des 26 prochaines semaines».

«Une fois que vous avez fait votre demande de prestations de compassion, vous devez fournir le plus rapidement possible un document prouvant que le membre de la famille gravement malade dont vous devez vous occuper requiert des soins ou du soutien et qu'il risque de décéder au cours des 26 prochaines semaines», écrit Service Canada.

Cela entraîne une certaine confusion, parce que bien des gens qui prennent soin d'un proche malade ou âgé peuvent croire erronément qu'ils auront accès à ces prestations de compassion, a déploré au cours d'une entrevue Marie-Hélène Arruda, coordonnatrice du MASSE.

«Il n'y a pas vraiment de changement au niveau de l'admissibilité aux prestations de compassion. C'est un programme qui est très, très restrictif, en ce sens que pour pouvoir bénéficier de ces prestations-là, il faut absolument prouver que la personne qu'on souhaite aider va mourir dans les 26 semaines qui viennent», a-t-elle rappelé.

C'est ce qui fait que peu de gens y sont admissibles en réalité. Mme Arruda rapporte qu'un nombre «marginal» des prestataires de l'assurance-emploi, soit moins de 1 pour cent, touchent de telles prestations.

«Malheureusement, on confond le principe du proche aidant et l'idée d'aider une personne qui va mourir. C'est en fin de vie. Mais la nuance n'est souvent pas faite; on l'oublie et on pense que c'est une mesure pour tous les aidants naturels», a déploré Mme Arruda.

Le gouvernement Harper avait calculé que le prolongement de ces prestations de compassion devrait coûter «jusqu'à 37 millions $ par année».

Mme Arruda note qu'une partie de la confusion vient du fait que lors de la dernière campagne électorale fédérale, les libéraux s'étaient engagés à rendre les prestations plus accessibles. Or, cela n'a pas encore été fait et la mesure qui entre en vigueur en janvier est plutôt celle qui avait déjà été annoncée par le précédent gouvernement conservateur, le printemps dernier.

Le MASSE croit de toute façon que ce programme des prestations de compassion devrait être géré par un autre régime que celui de l'assurance-emploi. «Il devrait y avoir un programme autre pour les aidants naturels, vraiment ciblé pour cette problématique-là, mais pas par le régime d'assurance-emploi», a opiné Mme Arruda.

Pour ce qui est du régime d'assurance-emploi, la priorité, selon elle, réside dans l'accroissement de l'accessibilité aux prestations. Avec les dernières réformes qui ont été implantées, trop peu de chômeurs ont aujourd'hui accès aux prestations d'assurance-emploi. En juillet dernier, ils n'étaient plus que 38,8 pour cent à y avoir eu accès, a déploré Mme Arruda.