La flagellation de Raif Badawi reprendra bientôt, a affirmé hier matin la femme du blogueur saoudien, Ensaf Haidar, sur la foi d'une source «bien informée».

Cette source n'a pas précisé la date exacte de la reprise du châtiment auquel l'homme de 31 ans a été condamné pour «insulte à l'islam», mais Mme Haidar, qui vit désormais au Québec, craint que cela puisse être dès ce vendredi.

«La même source m'avait prévenue de l'imminence du début de la flagellation de Raif au début de janvier 2015 et la chose s'est avérée, Raif ayant été flagellé», a déclaré Ensaf Haidar par voie de communiqué.

Raif Badawi avait reçu les 50 premiers coups de fouet d'une série de 1000 le 9 janvier dernier devant une mosquée de Djeddah, non loin de La Mecque, mais toutes les séances suivantes ont été reportées.

Ensaf Haidar rappelle aussi au premier ministre désigné Justin Trudeau son soutien à la cause de Raif Badawi, lui demandant d'intervenir en sa faveur. Le nouveau gouvernement libéral entrera officiellement en fonction dans une semaine.

Amnistie internationale «très inquiète»

Amnistie internationale n'a pas été en mesure de confirmer l'information, mais estime que le contexte actuel rend plausible la reprise du châtiment corporel de Raif Badawi, également condamné à 10 ans de prison et à une amende d'un million de rials (350 000$).

«Le climat de répression se durcit en ce moment en Arabie saoudite», affirme la coordonnatrice de l'organisation en Estrie, Mireille Elchacar, évoquant les récentes condamnations à mort de trois militants mineurs et la peine de 10 ans de prison infligée au défenseur des droits de la personne Abdulkarim al-Khoder.

L'avocat et beau-frère de Raif Badawi, Walid Abu al-Khair, croupit par ailleurs toujours en prison depuis un an et demi.

Défense ignorée

Avocats sans frontières Canada, qui s'est impliquée récemment dans la défense de Raif Badawi, n'était pas non plus en mesure de confirmer la reprise imminente de son châtiment.

L'organisation, qui n'avait pas pu se faire entendre lorsque la Cour suprême saoudienne a révisé le cas du blogueur l'été dernier, a ensuite remis un «argumentaire détaillé» au ministère saoudien de la Justice et à l'ambassadeur saoudien au Canada, mais n'a reçu «aucune réponse», a indiqué hier à La Presse son directeur général, Me Pascal Paradis.

Avocats sans frontières s'apprête d'ailleurs à rendre ce mémoire public.

Les craintes que ne reprenne la flagellation de Raif Badawi surviennent alors que le blogueur est en lice pour l'obtention du prix Sakharov, la plus prestigieuse des récompenses européennes en matière des droits de la personne, dont le nom du lauréat sera dévoilé demain.