La CSN fourbit ses armes en prévision de l'automne chaud qui s'annonce, tant dans les négociations du secteur public que dans le cadre de la campagne électorale fédérale.

Son comité exécutif était réuni toute la journée, jeudi, pour aborder ces dossiers, en plus de celui du débat sur les finances publiques, stimulé par les rapports Godbout sur la fiscalité et Robillard sur la révision permanente des programmes.

La négociation avec les employés de l'État reste un enjeu incontournable pour la Confédération des syndicats nationaux, qui est un poids lourd du front commun des secteurs public et parapublic.

La CSN réunira d'ailleurs son instance des secteurs public et parapublic, le 3 septembre, pour faire le point avec ses syndicats sur la suite des choses, a expliqué en entrevue avec La Presse Canadienne, jeudi, le président de la centrale, Jacques Létourneau.

«Maintenant, au bilan du résultat de la négociation - parce qu'il n'y a pas eu de vacances pour les tables (cet été) et il n'y a pas eu beaucoup d'avancées - on va faire le point avec les syndicats jeudi prochain. Et vendredi, en front commun, il va y avoir une déclaration faite sur les moyens de pression qui vont être mis de l'avant au cours des prochaines semaines pour faire débloquer la négo», a rapporté M. Létourneau.

Les parties ont négocié tout l'été, et même intensivement. Le gouvernement offre deux années de gel suivies d'augmentations de 1 pour cent pendant trois ans. Le front commun réclame 4,5 pour cent d'augmentation par année pendant trois ans. De plus, le gouvernement veut faire passer de 60 à 62 ans l'âge auquel il sera possible de prendre sa retraite sans pénalité.

Déjà, le printemps dernier, la CSN avait eu le mandat de planifier l'exercice de la grève, au cas où. C'est dans cette optique que ses syndicats avaient discuté avec leur employeur respectif des listes de services essentiels à maintenir, en cas de déclenchement d'une grève cet automne. Ces listes ont déjà été déposées à la Commission des relations du travail et plusieurs décisions à ce sujet ont été rendues tout au long du mois d'août.

Manifs

Au cours des manifestations de l'automne, le front commun syndical risque de se retrouver avec des associations étudiantes fort militantes, qui avaient affirmé, le printemps dernier, qu'elles suspendaient temporairement leur combat pour le reprendre cet automne, en se joignant aux syndicats.

Or, la CSN, comme les autres grandes centrales syndicales, prévient le service de police lorsqu'elle organise une manifestation et donne son itinéraire aux autorités. Et un service de sécurité interne veille au bon déroulement et à l'encadrement des manifestations.

Interrogé à ce sujet, M. Létourneau a indiqué que la CSN continuerait à remettre son itinéraire. «Nous, on va continuer à faire les manifestations comme on les a toujours faites. Ça fait partie de notre culture et de notre tradition. Dans les manifs, c'est souvent la première chose que les gens nous demandent: 'comment ça va se dérouler'. On n'a pas l'intention de changer de stratégie. L'important, c'est le nombre de personnes que l'on retrouve dans la rue. Donc, plus on est au clair sur la façon dont on organise nos manifs, plus le monde se déplace pour y participer», affirme M. Létourneau.

Fait à noter, la CSN fait aussi partie du collectif Refusons l'austérité avec les associations étudiantes.

Néanmoins, M. Létourneau se montre optimiste. «On va trouver un terrain de cohabitation», lance-t-il.

Élections fédérales

Pour ce qui est de l'élection fédérale, la CSN, tout comme la FTQ, avait décidé de n'appuyer aucun parti en soi, mais de recommander à ses membres d'appuyer dans chaque circonscription le candidat le plus susceptible de battre le candidat conservateur. Et, comme la FTQ, elle voulait aussi concentrer ses efforts dans certaines circonscriptions où les conservateurs étaient réputés plus forts, comme la région de Québec, le Centre-du-Québec et le Saguenay-Lac Saint-Jean.

Mais, comme la FTQ, la CSN avait affirmé qu'elle allait respecter la loi électorale, donc déployer sa campagne anti-gouvernement Harper avant le déclenchement proprement dit de la campagne, afin d'éviter que ses dépenses soient comptabilisées comme des dépenses électorales. Le déclenchement prématuré de la campagne électorale leur a donc coupé l'herbe sous le pied, empêchant le plein déploiement de leur campagne.

«À partir du moment où on a donné la consigne de suivre l'application de la loi électorale...», concède M. Létourneau, qui s'empresse d'ajouter «mais, en même temps, ça ne nous empêchera pas d'intervenir dans le débat public et d'inviter notamment les travailleurs à interpeller les candidats sur les différents programmes et sur les préoccupations qu'a la CSN à l'endroit des élections fédérales».