La première ministre de l'Ontario, Kathleen Wynne, a repris ses attaques contre Stephen Harper, mardi, l'accusant de saper les efforts de son gouvernement pour doter la province de son propre régime de retraite public.

Faisant campagne en Ontario même, mardi, le chef conservateur a aussitôt rétorqué qu'il se réjouissait de bloquer ainsi l'initiative du gouvernement libéral ontarien, un projet qui se soldera, selon lui, par «une énorme hausse de taxes».

Abordant le sujet sans même qu'un journaliste ne l'ait interrogé là-dessus, à Markham, M. Harper en a aussi profité pour étendre ses attaques aux libéraux fédéraux. Il est même revenu au microphone pour commenter la déclaration de la première ministre Wynne.

Selon le chef conservateur, le Parti libéral du Canada et Justin Trudeau veulent «nationaliser» les hausses de taxes pour les travailleurs et les employeurs canadiens.

M. Harper estime que l'initiative ontarienne sera néfaste pour la classe moyenne, pour les emplois et pour l'économie en général, et que c'est la raison pour laquelle les travailleurs et les employeurs de l'Ontario s'y opposent, selon lui.

Mme Wynne avait dévoilé un peu plus tôt à Toronto les détails du projet de régime de retraite de l'Ontario, destiné à remplacer dans cette province le Régime de pension du Canada, jugé trop peu généreux par le gouvernement libéral. Le gouvernement Harper, lui, a toujours refusé de hausser les contributions au régime, pour ne pas augmenter les charges sociales des entreprises.

«Je suis content de voir que notre refus de coopérer avec une telle politique rend (la) politique (de Mme Wynne) plus difficile», a lancé M. Harper. «Je note aussi que c'est la politique de M. Trudeau et du Parti libéral du Canada de nationaliser cette politique, de hausser ces taxes pour tous les travailleurs canadiens, tous les employeurs canadiens.»

Mme Wynne s'est cependant engagée à aller de l'avant même sans la collaboration du gouvernement fédéral et de son Agence du revenu du Canada, mais elle n'a pas pu chiffrer mardi les coûts additionnels du programme si l'Ontario agit seule.

Les associations de chefs d'entreprises ont réitéré mardi leur opposition au projet ontarien, brandissant le spectre de mises à pied au sein des petites et moyennes entreprises.

Le régime projeté par le gouvernement ontarien prévoit des cotisations de 1,9 pour cent aussi bien de l'employeur que de l'employé, pour un maximum annuel de 1643 $ par travailleur. Le nouveau programme sera mis en place de façon graduelle: en 2017 pour les entreprises de 500 employés et plus sans régime privé, en 2018 pour celles de 50 à 500 employés, et en 2019 pour les plus petites.

Par contre, les entreprises qui offrent déjà un régime de retraite à contributions déterminées qui correspondent à au moins 8,0 pour cent du salaire de l'employé seront exemptées du nouveau régime provincial, à condition que l'employeur y cotise au moins 4,0 pour cent. Les employeurs dont le régime de retraite est moins avantageux que le régime projeté et les employés qui n'adhèrent pas à leur régime «comparable» devront participer au programme provincial à compter de 2020.

Le gouvernement estime que plus de 3,5 millions d'Ontariens ne peuvent compter sur un régime de retraite au travail: ils auraient dû se débrouiller avec le Régime de pension du Canada - une rente moyenne annuelle de près de 7000 $ -, la Sécurité de la vieillesse et leurs propres économies.

Au Québec, le gouvernement libéral de Jean Lesage s'était entendu avec le fédéral, dans les années 1960, pour s'exclure du Régime de pension du Canada et créer son propre programme, le Régime de rentes du Québec, qui aura 50 ans l'an prochain.