Le processus de négociation visant à renouveler les conventions collectives des employés du secteur public passe en mode accéléré.

Même si un gouffre les sépare, les deux parties semblent déterminées à prendre les bouchées doubles en vue de trouver un terrain d'entente et ainsi éviter le déclenchement d'une grève qui pourrait débuter en toute légalité dès la mi-septembre.

La prochaine rencontre entre le gouvernement et le front commun intersyndical aura lieu jeudi et la cadence va s'accélérer d'ici la fin de l'été, avec des séances deux fois par semaine.

Entre juin et septembre, on prévoit avoir tenu pas moins de 200 rencontres de négociation, à la table centrale et aux tables sectorielles.

Fait à noter: on a convenu, de part et d'autre, de ne pas interrompre le processus durant la période estivale.

«Pour la première fois de l'histoire des négociations dans le secteur public, l'ensemble des parties - y compris le secteur de l'Éducation - a accepté de négocier tout l'été», a fait valoir Marie-Ève Labranche, porte-parole du président du Conseil du trésor, Martin Coiteux, en entrevue téléphonique mardi.

Malgré cela, peu d'avancées concrètes semblent pouvoir être signalées.

Dans cette course contre la montre, après des mois des discussions difficiles, la partie patronale se montre tout de même optimiste, tandis que la partie syndicale estime qu'un règlement négocié paraît pratiquement inaccessible.

La grève apparaît «à peu près inévitable», a soutenu le président de la FTQ, Daniel Boyer, en entrevue téléphonique, en mettant en doute la bonne foi du gouvernement.

Des mois de pourparlers n'ont pas suffi pour dégager une voie de règlement sur les deux principaux enjeux de cette ronde de négociations, soit la rémunération et l'âge de la retraite. Les pourparlers sont toujours au point mort sur ces questions cruciales.

Québec offre à ses 540 000 employés, du secteur public et du secteur parapublic, un gel salarial de deux ans assorti d'une augmentation de 1 pour cent par année pendant les trois années suivantes. La partie patronale veut aussi augmenter l'âge de la retraite sans pénalité de 60 à 62 ans.

«Une chose est certaine, on ne réglera pas à ce prix-là. Ça c'est sûr, sûr, sûr», tranche le président de la FTQ.

Le front commun exige plutôt un rattrapage salarial, qui se traduirait par une augmentation de 13,5 pour cent répartie sur trois ans, une hérésie aux yeux de Québec, clamant que les coffres sont vides.

La partie syndicale continue d'affirmer que Québec se montre inflexible depuis le début, bloquant toute possibilité d'enregistrer des progrès notables.

Mais le gouvernement soutient au contraire avoir «mis de l'eau dans son vin», notamment en clarifiant sa position aux tables sectorielles sur la façon qu'il compte utiliser les sommes récupérées durant le processus de négociation.

Car Québec s'engage à réaffecter dans le réseau les montants récupérés grâce à d'éventuelles concessions obtenues de la partie syndicale.

De son côté, méfiant, le front commun syndical a mis en branle il y a déjà un mois le processus pouvant mener à une grève légale, en allant chercher des mandats de grève auprès de ses membres et en demandant l'intervention d'un médiateur.