Le gouvernement fédéral se fait avare de commentaires au sujet d'une présumée faille de sécurité qui pourrait impliquer des renseignements secrets.

Le groupe de pirates informatiques Anonymous a respecté sa promesse, lundi soir, de dévoiler ce qu'il qualifie de «premier d'une série de documents secrets» dont il disposerait.

Anonymous a publié en ligne une note de service qui semble émaner du Conseil du Trésor et qui concerne le financement des capacités de communications du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) à l'étranger.

Mais mardi matin, déjà, il était impossible d'accéder au document via le lien original. Il avait été désactivé par l'entreprise Lunaweb, responsable du site de téléchargement DocDroid, qui ne veut pas se mêler de ce genre de «fuites» - elle laisse cela à WikiLeaks.

La Presse Canadienne ne peut pas, non plus, confirmer l'authenticité du document, et Jeremy Laurin, porte-parole du ministre de la Sécurité publique, Steven Blaney, a simplement indiqué que les autorités surveillaient de près la situation, sans offrir d'autres commentaires.

Un haut responsable a par ailleurs indiqué sous le couvert de l'anonymat qu'on ne sait pas encore s'il s'agit de piratage ou d'une fuite.

Dans un message vidéo qui accompagnait le document publié lundi soir, Anonymous dénonçait qu'un militant ait été tué par balle le 16 juillet dernier lors d'une confrontation avec la Gendarmerie royale du Canada à Dawson Creek, en Colombie-Britannique.

Lors d'une manifestation contre un projet de barrage de BC Hydro, les policiers ont affronté puis abattu un homme de 48 ans qui portait un masque d'Anonymous. La police a plus tard retrouvé un couteau sur les lieux. L'affaire a été confiée au Bureau des enquêtes indépendantes - la «police des polices» en Colombie-Britannique.

L'organisation occulte, sans structure véritable, exige l'arrestation immédiate des policiers en cause, sans quoi elle publiera des «secrets très étonnants», à intervalles irréguliers.

Dans la vidéo, Anonymous s'en prend au gouvernement de Stephen Harper, à la police, aux agences responsables de la sécurité et aux grandes entreprises, «qui qualifient de terroriste tout opposant aux combustibles fossiles». Il dénonce aussi la nouvelle Loi antiterroriste et ses dispositions «qui permettent une surveillance clandestine et sans mandat» des citoyens.

«Anonymous recueille des éléments de preuve et élabore son projet depuis plusieurs mois», prévient l'organisation anticapitaliste et libertaire.

Anonymous avait revendiqué la paternité d'un piratage qui avait paralysé en juin dernier plusieurs sites fédéraux, une opération visant à dénoncer le projet de loi antiterroriste C-51. Aucun renseignement personnel de Canadiens n'avait été touché, selon le ministre Blaney.