Avec la chute du dollar canadien, moins de Québécois visiteront la côte Est américaine cet été, s'il faut en croire un sondage de CAA-Québec (voir la méthodologie au bas de l'article). Alors que s'amorcent les vacances de la construction, ce coup de sonde montre que seulement 7% des vacanciers de la province ont l'intention de visiter cette région, un recul majeur par rapport à l'an dernier.

Il y a deux jours, le dollar canadien a chuté à 77,40 cents US, un niveau qu'il n'avait pas touché depuis mars 2009, alors que le Canada se trouvait au beau milieu d'une récession.

Le sondage mené par CAA-Québec en mai dernier suggère que les Québécois choisiront de rester majoritairement au Québec lors de leurs vacances. L'an dernier, ils étaient 11% à envisager la côte Est américaine, comparativement à 7% pour 2015. «C'est ce qui nous a le plus sauté aux yeux. C'est directement lié à la chute du dollar. Les gens ont décidé de rester au Québec», dit Anne-Sophie Hamel, conseillère en communication pour CAA-Québec. L'organisme a aussi noté une baisse de 20% du nombre de demandes de tracés vers la côte Est comparativement à l'an dernier. Les tracés permettent aux touristes de planifier leur voyage en détail, en sachant par quels chemins passer, où sont les postes de péage et les endroits de grande affluence.

À Old Orchard, l'une des destinations les plus prisées du secteur, on ne s'inquiète pas trop de ce sondage. La directrice de la chambre de commerce croit que les Québécois vont tout de même venir en aussi grand nombre cette année. «Dans le pire des cas, nos entrepreneurs pensent que les gens vont choisir le camping plutôt que l'hôtel, mais ils vont venir quand même», indique Kim Verreault.

Tracey Boyle-Dufault, à la tête de la chambre de commerce de Wildwood, est du même avis. Même si elle dit ne pas avoir encore de statistique sur le taux de fréquentation des Québécois dans son secteur cette saison, elle n'a pas l'impression de voir une diminution. «Peut-être que les gens vont rester moins longtemps ici. On verra pendant les vacances de la construction. Mais jusqu'à maintenant, ce n'est pas ce que me disent les entrepreneurs sur le terrain.» Elle fait aussi remarquer que les Québécois ne viennent plus seulement lors des vacances de la construction. «Ici, ça vient tout l'été», dit Tracey Boyle-Dufault.

La Commission de la construction du Québec a remis l'équivalent de 376 millions en indemnités de vacances à 150 000 travailleurs qui recommenceront à travailler le 3 août. Sans avoir de chiffres précis, on estime que des dizaines de milliers d'autres Québécois prendront leurs vacances pendant cette période.

Du beau temps

Selon MétéoMédia, la période établie pour les vacances de la construction serait le moment idéal, «la plus chaude de l'année au Québec». En revanche, l'humidité devrait être à son comble, ce qui augmente les risques d'orage. «Le bon côté de ce contexte est que la pluie soutenue sur plusieurs jours est moins fréquente», a indiqué Didier Robert-Lacroix, météorologue à MétéoMédia. Le soleil fort de juillet réchauffe aussi les cours d'eau, ce qui rend les baignades beaucoup plus agréables qu'en juin. Les températures devraient être autour de 25,2 °C à Québec et 26,6 °C dans la région métropolitaine.

L'an dernier, 17 personnes ont perdu la vie sur les routes pendant les vacances de la construction. Pour améliorer le bilan cette année, les policiers de la Sûreté du Québec (SQ) prévoient se déployer en force sur le réseau routier pendant les prochaines semaines.

L'agence frontalière du Canada calcule qu'environ 30% des passages entre le Canada et les États-Unis s'effectuent entre le 24 juin et le 1er septembre. Les automobilistes québécois devront donc s'armer de patience aux douanes, qui risquent d'être fortement occupées vers la fin du long congé. L'agence frontalière entend augmenter le nombre de douaniers seulement à ce moment.

Essence

Même si le prix de l'essence a fait un bond de 12 cents au début de la semaine à Québec, CAA-Québec ne s'attend pas à ce que les détaillants haussent le prix lors du début des vacances de la construction. «Ça serait surprenant qu'il y ait une hausse. Les indicateurs pétroliers pointent vers le bas. La marge des détaillants est assez confortable. Elle est supérieure à ce qu'elle est normalement», dit Anne-Sophie Hamel, porte-parole du CAA-Québec.

Hier, cette marge de profit se situait autour de 8,7 cents le litre à Montréal. «Habituellement, c'est autour de 8,1 cents. Ce serait injustifié s'il y avait une hausse», ajoute Mme Hamel.

Méthodologie: Ce sondage a été réalisé en ligne pour CAA-Québec par la firme Léger-Recherche Stratégie Conseil auprès de 1007 Québécois entre le 1er et le 6 mai dernier. Un sondage aléatoire de même taille mené auprès de la population québécoise comporte une marge d'erreur de 3,1%.