Alors que le débat sur l'avenir de l'industrie du taxi fait rage, davantage de Québécois se montrent favorables à l'arrivée d'Uber qu'à son interdiction, selon les résultats d'un sondage CROP-La Presse. Cette ouverture - tout de même timide - ne semble toutefois pas liée à la qualité du service des taxis, la majorité des répondants se disant satisfaits du travail des chauffeurs.

Une majorité dit oui à Uber

> Très favorables 18%

> Assez favorables 31% 

> Favorables 49%

> Assez défavorables 17%

> Très défavorables 16% 

> Défavorables 33%

> Ne sais pas/refus 17%

Une majorité de répondants se montre favorable à l'arrivée d'Uber, selon les résultats de notre sondage mené auprès de 996 répondants, du 6 au 9 juillet. Cet appui est toutefois modéré, souligne Céline Barre, vice-présidente de CROP. «On est un peu dans une zone de gris. Ça tend à être favorable, mais ce n'est pas tranché», illustre-t-elle. Fait à souligner, les appuis à l'entreprise sont constants d'une région à l'autre, aucune n'étant plus favorable ou réfractaire à son arrivée.

Les jeunes plus favorables à Uber

18-34 ans ; 35-54 ans ; 55 ans et plus

> Favorables 62% ; 49% ; 40%

> Défavorables 25% ; 32% ; 41%

> Ne sais pas/refus 13% ; 19% ; 19%

Les jeunes se montrent beaucoup plus favorables à Uber que leurs aînés. «C'est probablement parce que c'est une entreprise qui offre une solution très technologique qui correspond à leur mode de consommation, leur mode de vie», explique Céline Barre. À l'inverse, les 55 ans et plus ont tendance à accorder plus d'importance au respect de la loi, souligne-t-elle. Uber ne s'est pas dit surpris par ces résultats, indiquant que son service a d'abord été adopté par les jeunes. Mais Jean-Nicolas Guillemette indique que la clientèle plus âgée se fait de plus en plus présente dans ses voitures. «D'ailleurs, depuis la fin de la session étudiante, il n'y a pas eu une baisse dans nos déplacements, mais une continuité dans notre progression.»

«Le besoin est là»

Même s'il ne reçoit pas un appui massif, Uber se dit satisfait des résultats du sondage CROP-La Presse. «Quand des dirigeants politiques disent tous les jours dans les médias que c'est un service illégal alors qu'on a un jugement à Toronto qui dit le contraire, ça joue dans la population. Mais ça fait seulement huit mois qu'on est là et de voir qu'on a déjà 50% d'appui, ça démontre que le besoin est là», dit Jean-Nicolas Guillemette, directeur général d'Uber à Montréal. Seule surprise, ce dernier s'étonne que les Montréalais ne soient pas davantage favorables à son entreprise que les autres régions, eux qui ont été les premiers au Québec à utiliser le service.

De la satisfaction à l'égard du taxi

> Très satisfait 13%

> Assez satisfait 42%

> Assez insatisfait 19%

> Très insatisfait 6%

> Ne sais pas/refus 19%

Plusieurs ont montré du doigt la qualité du service des taxis dits traditionnels pour expliquer la popularité d'Uber, mais le sondage CROP-La Presse démontre pourtant que la majorité des gens se disent satisfaits du travail des chauffeurs de taxi. «Les gens semblent relativement satisfaits. Il n'y a pas une très grande insatisfaction, contrairement à ce qu'on a tendance à entendre», souligne Céline Barre.

Les taxis veulent mieux faire

Ces taux de satisfaction sourient à l'industrie du taxi qui dit néanmoins vouloir travailler à améliorer la satisfaction de sa clientèle. «C'est positif, ça prouve que la qualité du service est là. Mais ce n'est pas assez. On a encore du travail à faire, comme sur l'acceptation du paiement électronique. Juste en acceptant les cartes, je suis sûr qu'on aurait plus de 55% de satisfaction», dit Dory Saliba, président de Taxi Hochelaga et porte-parole du Comité provincial de concertation et développement de l'industrie du taxi. Même si Uber dit miser sur la qualité de son service pour attirer des clients, l'entreprise ne s'est pas dite étonnée de ces résultats positifs pour l'industrie du taxi. «Il y a beaucoup de chauffeurs à Montréal qui font du très bon travail, mais il y en a certains qui nuisent», dit Jean-Nicolas Guillemette.

Hommes et diplômés universitaires plus insatisfaits

S'ils restent majoritairement «satisfaits» de la qualité des taxis, les hommes et les gens ayant une formation universitaire se montrent plus critiques. Près d'un homme sur trois s'est dit insatisfait contre seulement une femme sur cinq. Le même écart s'observe chez les diplômés universitaires par rapport à ceux ayant un diplôme du secondaire. Ces résultats surprennent Dory Saliba, qui estime que davantage de femmes prennent le taxi, selon son expérience personnelle. Il s'explique donc mal pourquoi davantage d'hommes se montrent insatisfaits.

MÉTHODOLOGIE

Le sondage CROP-La Presse a été mené du 6 au 9 juillet auprès de 996 participants à un panel web. Les résultats ont été pondérés en fonction du sexe, de l'âge, de la région de résidence, du niveau de scolarisation et de la langue maternelle de la population.