Le nouveau chef d'état-major de l'Aviation royale canadienne a profité de sa cérémonie d'assermentation, jeudi, pour livrer un message clair: le harcèlement sexuel ne sera pas toléré sous sa gouverne.

La déclaration tranchante du lieutenant-général Michael Hood s'est fait remarquer lors de l'événement en grande pompe célébré au Musée de l'aviation et de l'espace du Canada, à Ottawa, qui comprenait une garde d'honneur de 100 personnes et un défilé aérien de deux avions de chasse CF-18 - qui, a-t-on martelé, étaient déjà en route vers une autre mission.

M. Hood a fait ces commentaires quelques semaines après la parution d'un rapport de l'ancienne juge de la Cour suprême, Marie Deschamps, qui avait fait état d'une inconduite sexuelle «endémique» au sein de l'armée canadienne. La juge Deschamps avait d'ailleurs dénoncé la «culture machiste» dans l'organisation militaire, blâmant au passage ses dirigeants qui auraient toléré un climat où les femmes craignent de dénoncer leurs agresseurs.

Le nouveau chef de la Force aérienne jugeait qu'il n'y avait pas de «meilleure tribune» que son premier discours pour faire passer son message.

Lors d'une rencontre avec les journalistes après son allocution, M. Hood a affirmé qu'il était important pour lui que l'Aviation royale canadienne avance sur cet enjeu et qu'elle élimine ce genre de comportements. Il a indiqué que sa première tâche en tant que commandant serait celle-ci.

Ses propos contrastent avec ceux du chef d'état-major des Forces canadiennes, le général Tom Lawson, qui avait affirmé le mois dernier, lors d'une entrevue au réseau de télévision CBC, que les soldats masculins étaient programmés «biologiquement» pour s'adonner à des inconduites sexuelles. Le général Lawson s'était excusé de ses propos qui avaient suscité la controverse, mais le mal était fait.

Le lieutenant-général Michael Hood a indiqué qu'il convoquerait une réunion avec les dirigeants de l'armée prochainement pour discuter principalement de cet enjeu.

«J'enverrai un message très clair à mes commandants subalternes (pour leur dire) que le harcèlement de tout genre, qu'il soit sexuel ou autre, n'a pas sa place dans l'Aviation royale canadienne et dans les Forces armées canadiennes en général», a-t-il affirmé.

Le nouveau chef d'état-major Hood a commencé sa carrière militaire comme réserviste de l'Armée de terre au sein des Canadian Grenadier Guards de Montréal, avant de passer à la Force régulière et de recevoir son brevet de pilote en 1988. Il a passé une partie de sa carrière dans des avions de transport Hercule C-130 et comme officier de guerre électronique à bord de Challenger C-144.

Il a aussi été commandant de la base aérienne de Trenton, en Ontario, la plus importante au pays.

Avant d'être nommé chef d'état-major de la Force aérienne, le lieutenant-général Hood était directeur de l'État-major interarmées stratégique, le «centre névralgique» des armées.

M. Hood a succédé au lieutenant-général Yvan Blondin. M. Blondin, un ancien pilote de chasseurs F-18, prend sa retraite après 35 ans de service, dont près de trois ans à la tête de l'armée de l'air.

C'est sous son commandement que le gouvernement de Stephen Harper avait mis sur la glace le controversé projet d'acquisition de nouveaux chasseurs, les F-35.

Le lieutenant-général Blondin avait aussi créé une petite controverse, l'automne dernier, en écrivant sur son compte Twitter que les frappes aériennes canadiennes contre des positions du groupe État islamique en Irak serviraient à venger la mort des deux militaires tués en octobre à Saint-Jean-sur-Richelieu et Ottawa par de jeunes hommes revendiquant un lien avec le djihad.

Lors de son dernier discours, M. Blondin a mis de côté ses notes et a dénoncé au pied levé la culture et la bureaucratie à Ottawa. Il a toutefois rappelé l'importance de la séparation des pouvoirs au pays, un principe qu'il a apprécié d'autant plus en voyageant dans des zones de conflits, a-t-il dit.