Contrer Uber ne suffira pas à sauver l'industrie du taxi : les chauffeurs doivent accepter de se professionnaliser pour mieux desservir leur clientèle. C'est du moins ce que propose le Regroupement des intermédiaires en taxi de Québec (RITQ), qui réclame la création d'une association professionnelle à adhésion obligatoire pour tous les chauffeurs de la province.

« Aujourd'hui, c'est Uber, mais demain ce pourrait être n'importe qui d'autre. Ce qui est important, c'est de régler les problèmes de l'industrie du taxi parce qu'en faisant cela, on va régler les cas comme Uber », dit Abdallah Homsy, porte-parole du RITQ, qui représente la quasi-totalité des chauffeurs de la capitale.

Le regroupement compte interpeller le ministre des Transports, Robert Poëti, aujourd'hui lors de la consultation sur l'industrie du taxi organisée à Montréal pour proposer de fédérer les chauffeurs de la province au sein d'une seule organisation provinciale. Abdallah Homsy croit qu'il s'agit là de la meilleure façon de régler les principaux irritants soulevés au sujet des taxis, comme les lacunes dans la qualité du service et le refus du paiement électronique chez certains chauffeurs.

« On pense qu'une association professionnelle obligatoire nous aiderait à sortir de nos problèmes. » 

L'association envisagée se rapprocherait du rôle joué par un ordre professionnel, ne cache pas M. Homsy. L'organisation serait notamment dotée d'un comité de discipline pour permettre aux clients de porter plainte contre les chauffeurs délinquants. « Si vous avez à porter plainte, vous devez avoir une seule place pour le faire, pas 58 », dit celui qui préside également Taxis Coop Québec, l'une des principales entreprises du secteur dans la capitale.

La création d'une telle association permettrait également d'imposer des modes de paiement, comme le paiement électronique. « C'est inconcevable en 2015 que certains, pour des courses de 7 $ ou 10 $, n'acceptent pas la carte de crédit alors qu'on peut le faire pour acheter un café au Tim Hortons », souligne M. Homsy. L'association pourrait aussi enfin uniformiser la couleur des voitures de taxi, un projet souvent évoqué, mais jamais concrétisé.

Selon le regroupement de Québec, certains chauffeurs font mal paraître toute l'industrie en refusant de se moderniser. « On pense souvent que les chauffeurs de taxi sont des artisans. Il faut qu'on devienne des professionnels. Il faut se sortir de l'idée que chacun peut faire ce qu'il veut quand il veut », dit M. Homsy.

Pour illustrer les avantages de se regrouper, le RITQ compte mettre de l'avant au ministre Poëti le succès de la création d'une application mobile à Québec pour faire concurrence à Uber. Pour une rare fois, les coopératives de la capitale ont mis de côté leur rivalité pour créer une plateforme commune répartissant automatiquement les courses. On a ainsi voulu contrer l'un des principaux irritants des clients qui ne savaient quelle entreprise appeler lorsqu'ils changeaient d'arrondissement. Depuis son lancement en janvier, l'application a été téléchargée à 10 000 reprises et affiche déjà 100 000 déplacements au compteur.

Échec passé

Ce n'est pas la première fois que l'idée d'une telle organisation unique est avancée. En 2000, l'ex-ministre des Transports Guy Chevrette avait annoncé la création de l'Association professionnelle des chauffeurs de taxi du Québec pour remplacer les 57 ligues de taxi qui existaient à l'époque. L'expérience avait toutefois échoué en 2004 quand les chauffeurs avaient refusé par référendum de payer une cotisation de 200 $.

Abdallah Homsy estime qu'une redevance serait inévitable pour assurer la survie de l'association qu'il espère voir créer. À l'heure actuelle, les frais d'adhésion aux 45 ordres professionnels du Québec varient de 276 $ par an pour les technologistes médicaux à 3785 $ pour les podiatres.