Le front commun du secteur public vient de franchir une étape de plus dans la planification de la grève, qui pourrait être déclenchée cet automne. Il vient de déposer ses ententes touchant les services essentiels à maintenir dans les services publics en cas de grève.

Au cours d'une entrevue, mardi, la vice-présidente de la CSN responsable de la négociation du secteur public, Francine Lévesque, a expliqué que dans la plupart des cas, les syndicats s'étaient même entendus avec les employeurs quant à la teneur des services essentiels à maintenir en cas de grève. Dans les cas où il n'y a pas eu d'entente, il appartiendra à la Commission des relations du travail de trancher la question de l'ampleur des services à maintenir.

La loi est toutefois très exigeante à ce chapitre et exige des pourcentages allant souvent au-delà de 90%, particulièrement dans le secteur de la santé.

«Ça fait partie du processus de construction de notre rapport de forces. Ce qu'on vise, c'est d'en arriver à une entente négociée avec le gouvernement, mais on ne se cachera pas qu'au moment où on se parle, les marges de manoeuvre du côté des négociateurs du gouvernement sont assez minces. Ça nous amène donc à prévoir tout ce qui est nécessaire, éventuellement, pour être en mesure d'exercer notre rapport de forces», a expliqué la dirigeante syndicale en entrevue.

Fait à noter, la plupart des syndicats n'ont pas encore obtenu de mandat de grève de la part de leurs membres. Certains, dans le front commun, l'ont en main cependant.

«On n'est pas obligé, techniquement, d'attendre ça», objecte Mme Lévesque. Elle explique que la CSN a tout de même demandé des mandats pour planifier l'exercice éventuel de la grève, en assurant ses membres qu'ils seraient de nouveau consultés pour accorder ou non le mandat de grève.

À la CSN, par exemple, c'est surtout lors de la rentrée de septembre que la plupart des mandats de grève seront sollicités auprès des membres.

Mme Lévesque réitère qu'elle ne souhaite pas que les syndiqués du secteur public aient à débrayer cet automne. «Ce qu'on vise toujours, c'est une entente négociée. C'est pour ça qu'on travaille d'arrache-pied tout l'été.» Des séances de négociation sont d'ailleurs prévues cet été entre les parties malgré les vacances.

Les deux parties sont très éloignées, tant au plan monétaire que pour les clauses dites sectorielles (du mot secteur, comme le secteur des employés de soutien scolaire, par exemple). Le gouvernement offre à ses employés deux années de gel suivies de trois années d'augmentation de 1 pour cent, soit 3 pour cent sur cinq ans. Les syndicats réclament 13,5% d'augmentations sur trois ans, soit 4,5% par année.

Le président du Conseil du trésor, Martin Coiteux, a déjà expliqué que les offres gouvernementales étaient raisonnables compte tenu du contexte budgétaire difficile et qu'elles respectaient la capacité de payer des contribuables québécois.

Le ministre Coiteux avait rappelé que le gouvernement s'était engagé non seulement à rétablir l'équilibre budgétaire pour l'exercice 2015-2016, mais à le maintenir par la suite, et ce, sans augmenter les impôts des contribuables.

Le front commun regroupe la CSN, la FTQ, la CSQ, le Syndicat de la fonction publique du Québec et l'Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS), soit plus de 400 000 travailleurs dans les réseaux de la santé, de l'éducation et de la fonction publique.