Le gouvernement Couillard va créer un nouveau Secrétariat aux affaires maritimes afin de mettre en oeuvre une stratégie industrielle, touristique et de développement local, sur 15 ans, qui prévoit des investissements publics et privés d'environ 9 milliards et la création de 30 000 emplois d'ici 2030.

La Stratégie maritime, qui devait être lancée en grande pompe mardi dernier par Québec, sera dotée de budgets d'un peu plus de 1,5 milliard pour les cinq premières années de sa mise en place. Le premier plan quinquennal 2015-2020 devrait déjà permettre la création de 9000 emplois reliés à «l'économie maritime» en seulement cinq ans, selon un document de présentation de 68 pages obtenu par La Presse.

Le plan, «ambitieux et visionnaire», ratisse large. Il est bâti autour de trois grandes orientations gouvernementales (économie, environnement et développement local) et se décline en 18 «axes» d'intervention, tous dotés de leur propre plan d'action jusqu'en 2020 et, dans certains cas, de budgets conséquents.

Ces domaines d'intervention couvrent aussi bien le soutien aux collectivités locales que la «modernisation du tourisme maritime», en passant par le développement des pêches et de l'aquaculture ainsi que la gestion des risques environnementaux liés au transport du pétrole sur le fleuve Saint-Laurent.

Mais selon le document obtenu, pas moins de 80% des sommes prévues dans cette stratégie sont monopolisées par quatre importants programmes d'investissements dans les infrastructures maritimes publiques et privées et dans le développement industriel le long du fleuve Saint-Laurent, de la région métropolitaine jusque sur la Basse-Côte-Nord.

Infrastructures et industries

La Stratégie maritime prévoit ainsi des investissements de 400 millions en cinq ans pour la création de vastes «pôles logistiques» où les centres de distribution voisineront des infrastructures de transport routier, ferroviaire et maritime, «permettant aux marchandises de transiter de manière efficiente autant sur le marché national qu'international».

Québec prévoit aussi investir 400 millions dans la création de «zones industrialo-portuaires». Cette «nouvelle approche pour le Québec» favorise l'implantation d'entreprises manufacturières à proximité des ports commerciaux. Une somme de 100 millions sera réservée à la décontamination de terrains, qui seront ensuite mis à la disposition des entreprises qui s'établiront dans ces zones.

«En soutenant les zones industrialo-portuaires», le gouvernement Couillard vise rien de moins que «la création d'environ 3000 emplois directs et des investissements industriels privés de plus de 2,4 milliards».

De plus, des projets d'amélioration «des infrastructures portuaires et intermodales» seront financés jusqu'à hauteur de 200 millions dès cette année, et le ministère des Transports du Québec investira 75 millions dans l'amélioration des accès routiers au port de Montréal.

Enfin, le gouvernement Couillard a prévu des sommes totalisant 133 millions pour favoriser le développement des chantiers maritimes et maintenir les incitatifs fiscaux consentis à des entreprises qui font moderniser leurs navires dans les chantiers du Québec.

Les investissements prévus dans le cadre de ces quatre grands axes d'intervention économiques totalisent à eux seuls plus de 1,2 milliard sur le budget de 1,5 milliard prévu pour la mise en oeuvre de la Stratégie, d'ici 2020.

Le «pôle» controversé de Vaudreuil

La Stratégie maritime confirme par ailleurs l'intention du gouvernement Couillard d'investir des centaines de millions dans la création du méga-pôle logistique de Vaudreuil-Soulanges, à l'ouest de l'île de Montréal. Deux des acteurs majeurs de la région de Montréal dans le transport des marchandises, le Port de Montréal et le Canadien National (CN), sont ouvertement opposés à ce projet, qui favorisera, selon eux, les ports de la côte Est des États-Unis.

Dans sa stratégie, le gouvernement ouvre toutefois la porte à un développement sur plus d'un site et à l'implantation d'un second pôle à Contrecoeur, «en complémentarité» du projet de Vaudreuil-Soulanges. Dans les prochaines décennies, l'Administration portuaire de Montréal prévoit poursuivre l'expansion de ses activités dans cette municipalité de l'est de la Montérégie, où elle possède déjà de vastes terrains desservis par les chemins de fer et à proximité de l'autoroute 30.

«En 2030, selon le document obtenu par La Presse, on estime que 11 000 personnes pourraient travailler dans ces deux pôles logistiques.»

Autres domaines d'intervention

> 86 millions pour la réhabilitation de trois terminaux de croisières à Montréal et à Québec

> 52 millions pour des projets touristiques aménagés le long des rives du Saint-Laurent

> 82 millions pour réduire le fardeau fiscal des PME du secteur maritime et maintenir les crédits d'impôt remboursables pour la Gaspésie

> 35 millions pour favoriser la conversion des navires de marchandises au gaz naturel liquéfié

> 15 millions pour soutenir les pêches et l'aquaculture commerciales