La demande d'asile au Canada de Belhassen Trabelsi, le beau-frère de l'ex-dictateur de la Tunisie, Ben Ali, a été refusée, l'homme étant notamment accusé d'avoir pillé le trésor public tunisien.

Dans une décision rendue publique lundi, la Commission de l'immigration et du statut de réfugié a refusé sa demande d'asile puisqu'elle estime qu'il y a des raisons sérieuses de penser qu'il a commis des crimes graves de droit commun, dont la fraude et le recyclage des produits de la criminalité.

Le Tunisien, un homme d'affaires multimillionnaire, avait trouvé refuge avec sa famille dans un hôtel de Vaudreuil, en banlieue de Montréal. Il prétend que lui et sa famille ont été ciblés au début du mois de janvier 2011 dans la foulée du printemps arabe.

Sa soeur Leila Trabelsi est l'épouse de Zine El Abidine Ben Ali, qui fut président de la Tunisie de 1987 jusqu'au mois de janvier 2011. Il a été forcé par la révolte du peuple tunisien de quitter le pouvoir qu'il détenait depuis 23 ans.

Ben Ali a été accusé de corruption et des membres de sa famille possèdent notamment une maison à Westmount, sur l'Île de Montréal, évaluée à plus de 2 millions $.

La demande de statut de réfugié de Belhassen Trabelsi a rencontré maints obstacles.

Le premier ministre Stephen Harper a affirmé en janvier 2011 que le président déchu de la Tunisie et les membres de son régime n'étaient pas les bienvenus au Canada.

Puis, le ministre fédéral de la Sécurité publique s'est objecté à sa demande d'asile sur la base qu'il y avait de sérieuses raisons de croire qu'il a commis de nombreux actes criminels: on parle de fraude et de vol de plus de 5000 $, de recyclage de produits de la criminalité, de manipulation frauduleuse d'opérations boursières, de possession de biens criminellement obtenus, de fraude fiscale, d'abus de pouvoir, de détournement de fonds, de complots, de délits initiés, de fraude envers le gouvernement, d'extorsion, d'escroquerie, de corruption et trafic de biens culturels et archéologiques. De plus, certaines de ces infractions auraient été commises au profit d'un groupe qui pourrait être qualifié d'organisation criminelle.

M. Trabelsi a nié les allégations du ministre et prétend qu'il a amassé sa fortune avec son travail et ses talents d'entrepreneur.

Un ordre d'interdiction de séjour avait été émis contre les Trabelsi en 2012, mais ils pouvaient rester au Canada le temps que leur demande d'asile soit évaluée.

La Commission de l'immigration et du statut de réfugié a décortiqué ses liens d'affaires, ses contrats, ses diverses entreprises allant du ciment à la production d'émissions de télévision, analysé le contenu de son coffre en Suisse et tenu compte d'un rapport de la Banque mondiale, qui mentionne que «les proches de Ben Ali bénéficiaient des retombées d'une économie de copinage et que les règlements ont été aménagés pour servir les intérêts personnels et favoriser la corruption».

Belhassen Trabelsi peut demander une révision judiciaire de cette décision par la Cour fédérale. Les dossiers de demande d'asile de son épouse et de ses enfants - aussi au Canada - ont été traités séparément.

L'avocat de M. Trabelsi n'était pas joignable lundi pour communiquer les intentions de son client.