Des milliers de Canadiens ont manifesté à travers le pays, dont à Montréal, samedi, pour tirer à boulets rouges sur le projet de loi antiterroriste C-51 du gouvernement Harper.

Quelques centaines de protestataires s'étaient rassemblés au parc Jarry, dont quelques dizaines arborant du ruban adhésif sur leur bouche pour signifier que selon eux, le projet de loi permettrait au gouvernement de faire taire ses opposants.

La foule montréalaise s'est ensuite dirigée vers le bureau du chef du Parti libéral du Canada Justin Trudeau, qu'ils ont accusé de «complicité» avec le gouvernement. M. Trudeau a annoncé il y a quelques semaines que son parti appuierait le projet de loi conservateur.

Le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), Thomas Mulcair, accompagnait les manifestants montréalais. Il a grimpé sur une caisse de lait pour leur assurer que son parti voterait contre ces nouvelles mesures, dont M. Harper n'a pas prouvé la nécessité, selon lui.

Le projet de loi C-51, déposé à la suite des attentats d'octobre dernier à Saint-Jean-sur-Richelieu et Ottawa, accorderait notamment des pouvoirs accrus au Service canadien du renseignement de sécurité. Il permettrait aussi aux policiers de restreindre la libre circulation d'un suspect, d'étendre les pouvoirs de la liste d'interdiction de vol, d'interdire la propagande terroriste et d'éliminer des barrières qui limitent l'échange d'informations entre les divers agences et ministères concernés par la sécurité publique.

Selon les manifestants, ces nouveaux pouvoirs pourraient aller à l'encontre du respect des droits et libertés. À Ottawa, des centaines de personnes ont envahi la rue du bureau du premier ministre Stephen Harper, avant de poursuivre leur chemin vers la colline du Parlement.

Plusieurs centaines de Vancouvérois ont applaudi des chefs autochtones et des militants qui ont livré des discours pour critiquer vigoureusement la politique du gouvernement Harper.

Le manifestant Larry Johnny craint que les manifestations autochtones qui sont organisées près des mines soient considérées comme «terroristes». «(Cela) me touche, mais cela touchera aussi mes petits neveux et nièces. Je suis ici pour eux. Ce sont eux qui vont grandir avec cette loi», a-t-il expliqué.

À Toronto et à Edmonton, les rassemblements ont attiré des centaines de citoyens.

«Je suis vraiment inquiet sur l'état de la démocratie dans ce pays. On va dans la mauvaise direction. (Le premier ministre) Harper nous mène dans la mauvaise direction (...) La liberté de critiquer le gouvernement est probablement en jeu. Même si on ne fait juste que publier des messages en ligne, on peut être visé; c'est un projet de loi terrifiant», a souligné un manifestant de Toronto, Stuart Basden.

Le ministre de la Sécurité publique, Steven Blaney, assure que le projet de loi C-51 ne menace aucunement les libertés des citoyens, et qu'au contraire, il est essentiel pour assurer la sécurité des Canadiens.

Devant le Comité permanent de la sécurité publique, cette semaine, le ministre a défendu l'initiative du gouvernement, soutenant que le projet de loi était équilibré entre les pouvoirs accordés pour assurer la sécurité et la protection des libertés individuelles.

M. Blaney affirme que les agents du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS), par exemple, devront obtenir un mandat d'un juge fédéral avant de pouvoir intervenir pour éliminer une menace terroriste.

Photo Darren Calabrese, La Presse Canadienne

Des centaines de personnes se sont rassemblées devant l'hôtel de ville de Toronto pour contester le projet de loi antiterroriste C-51.