L'installation de gicleurs dans les résidences pour personnes âgées coûtera entre 220 et 260 millions de dollars, une facture trois fois plus élevée que celle évoquée par le ministère de la Santé l'an dernier. Québec promet une aide financière aux résidences, mais il n'en donnera les détails que dans le prochain budget. Il leur accorde un délai de cinq ans pour se conformer.

Le ministre du Travail, Sam Hamad, responsable de la Régie du bâtiment, a dévoilé mardi un projet de règlement rendant obligatoire l'installation de gicleurs dans les résidences pour aînés, à l'exception des plus petites.Québec met ainsi en oeuvre une recommandation du commissaire aux incendies, Cyrille Delâge, dans son rapport sur la tragédie de L'Isle-Verte rendu public la semaine dernière. Trente-deux personnes sont mortes dans l'incendie de la Résidence du Havre, il y a un peu plus d'un an. Il n'y avait pas de gicleurs dans la partie de l'établissement qui a été rasée par les flammes.

Plus de la moitié des résidences privées pour aînés ne sont toujours pas protégées par des gicleurs : 1041 établissements sur un total de 1905 (55 %), révélait La Presse en janvier.

Les résidences d'un étage, d'une superficie d'au plus 600 m2 et d'un maximum de huit logements - donc au plus 16 personnes - ne sont pas visées par le nouveau projet de règlement. C'est la même chose pour les résidences de type unifamilial qui ont au plus deux étages et qui hébergent au plus neuf personnes - si chaque étage est desservi par une porte extérieure. Cyrille Delâge a proposé peu de choses près les mêmes exceptions dans son rapport.

Il a recommandé un délai de cinq ans pour permettre aux résidences de se conformer à la nouvelle obligation, une suggestion que reprend le gouvernement Couillard. L'échéancier variera en fonction des « risques ». Comme le propose Cyrille Delâge, la priorité sera accordée aux bâtiments construits avec des matériaux combustibles et érigés en milieu rural.

Le projet de règlement est en préparation depuis plusieurs mois. La Presse en avait révélé le contenu en août dernier. Mais le gouvernement avait décidé d'attendre les conclusions de Cyrille Delâge avant d'aller plus loin.

Dans son rapport, le coroner suggère la mise sur pied d'un programme d'aide financière. « Encore faut-il que les recommandations puissent s'appliquer à un coût raisonnable. Il serait dommage qu'elles entraînent la fermeture de quelques résidences », écrit-il.

Sam Hamad se dit conscient qu'installer des gicleurs entraînera des coûts importants : de 220 à 260 millions de dollars au total. Il promet un  programme d'aide financière, « malgré la situation financière difficile » au gouvernement. L'État assumera « un pourcentage assez intéressant » de la facture « pour aider les gens à investir et tenir compte de leur situation ». « Il n'y a pas de prix pour la sécurité des aînés », a ajouté M. Hamad. Le ministre des Finances Carlos Leitao a précisé que l'intention du gouvernement est de «minimiser le plus possible» l'impact de la nouvelle réglementation sur le loyer payé par les ainés. Son budget donnera les détails du programme. L'Ontario n'a pas accordé d'aide financière lorsqu'elle a obligé l'installation de gicleurs dans les résidences au cours des dernières années, a indiqué le ministre Hamad.

La mesure est « une première étape ». Sam Hamad veut viser dans une seconde phase les résidences qui ne sont pas certifiées. Avec son projet de règlement, son objectif n'est pas de faire en sorte que des résidences se  « décertifient » pour reprendre son expression. Il assure également que les inspections des résidences seront rehaussées pour améliorer la sécurité.

Le projet de règlement sera publié au cours des prochains jours dans la Gazette officielle du Québec. Une période de 45 jours est prévue pour permettre au public d'émettre des commentaires.

À l'heure actuelle, les gicleurs sont obligatoires seulement pour les constructions neuves de quatre étages et plus.Québec a publié un autre projet de règlement cet automne pour que les nouvelles résidences soient munies de gicleurs - à l'exception des plus petites. Il entrera en vigueur ce printemps.

Le regroupement québécois des résidences pour aînés, Yves Desjardins, est satisfait du projet de règlement proposé. Il est impatient de connaître l'aide financière qui sera accordée. Grâce à cette mesure, « le Québec va être la province la mieux équipée », a-t-il dit.

Dès 1997, Cyrille Delâge recommandait que des gicleurs soient installés dans les résidences pour aînés.

Sur les 1905 résidences privées pour aînés...

• 1041 n'ont pas de gicleurs

• 650 sont protégées entièrement par des gicleurs

• 214 le sont partiellement

Il existe 115 653 unités dans les résidences pour aînés du Québec dont:

• 73 440 sont protégées par des gicleurs

• 22 074 le sont partiellement

• 20 139 n'ont pas de gicleurs