Le plan du gouvernement fédéral qui viserait à imposer la prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle rendrait le milieu carcéral plus dangereux, selon les partis d'opposition à Ottawa.

Les porte-paroles du Nouveau Parti démocratique (NPD) et du Parti libéral du Canada (PLC) en matière de sécurité publique ont affirmé mardi qu'une telle mesure aggraverait l'état des criminels, mettant en danger le personnel des prisons.

Lors du discours du Trône, en 2013, le gouvernement fédéral s'était engagé à adopter une telle politique, ce qui avait suscité une levée de bouclier chez les criminalistes. Selon eux, les lois actuelles prévoient déjà des mesures spéciales pour les détenus qui ont commis des délits graves - dont les meurtres en série et des agressions sexuelles sur des enfants.

Le NPD et le PLC croient que le gouvernement devrait plutôt se concentrer sur la réhabilitation des détenus.

«C'est un gouvernement qui ne fait que punir, punir et punir. L'objectif de notre système correctionnel est pourtant de rendre plus sécuritaires les communautés en réhabilitant les prisonniers», a affirmé le député néo-démocrate Randall Garrison. Il a ajouté que les criminels qui purgeaient une peine de prison à vie seraient surveillés le reste de leur vie, même s'ils réussissent à sortir de prison.

Le député libéral Wayne Easter a quant à lui rappelé que ce «modèle américain» avait entraîné plus de violence dans les pénitenciers des États-Unis.

«Vous aurez des criminels plus dangereux. Il ou elle restera en prison, peu importe ce qui se passe. Alors pourquoi s'empêcheraient-ils de causer des problèmes et de compliquer le travail des agents des services correctionnels?», a-t-il expliqué.

Le ministre de la Sécurité publique Steven Blaney a indiqué que le projet de loi serait déposé avant la fin de la session parlementaire, au mois de juin.

«Ceux qui commettent des crimes graves et violents à plusieurs reprises constituent une menace pour le public. Le premier objectif est de protéger le public», a expliqué M. Blaney, mardi, après la réunion d'un comité de la Chambre des communes.

Lorsque le gouvernement avait abordé la question pour la première fois, le ministre de la Justice Peter MacKay avait assuré que la loi ne toucherait que des cas spécifiques.

«Ce sont les pires des pires crimes. Les infractions les plus violentes, qui ont été commises de façon répétée. On parle donc de meurtres en série et de multiples agressions sexuelles sur les plus vulnérables, les enfants. Nous voulons nous assurer que certains individus étant capables de commettre de tels crimes ne sortent jamais de prison», avait-il expliqué après le discours du Trône.

Le ministre avait reconnu, à l'époque, que certaines dispositions des lois - notamment la déclaration de délinquant dangereux - pouvait empêcher la libération de prisonniers. Le gouvernement conservateur a d'ailleurs abrogé la soi-disant «clause de la dernière chance» qui permettait à certains détenus de réclamer une libération conditionnelle.

M. MacKay disait toutefois vouloir éviter toute «faille dans la loi» que pourraient exploiter les criminels.