Mohamed Fahmy est devenu «très émotif» lorsqu'il a appris que le président de l'Égypte avait maintenant le pouvoir de déporter les accusés ou condamnés étrangers, a dit sa famille au sujet de cette nouvelle mesure, qui pourrait faire libérer le journaliste canado-égyptien.

On ignore encore si le décret du président Abdel-Fattah al-Sissi s'appliquera aux détenus qui ont la double-citoyenneté, comme Mohammed Fahmy.

Cette incertitude garde Fahmy et sa famille en haleine depuis le début de cette affaire.

Ça demeure très vague, a indiqué en entrevue Adel Fahmy, le frère du journaliste, ajoutant que lui et sa famille tentaient d'aller au fond de l'affaire pour bien comprendre.

Mohamed Fahmy travaillait pour le réseau de nouvelle anglophone d'Al-Jazeera lorsqu'il a été arrêté le 29 décembre dernier, avec deux collègues, un Égyptien et un Australien.

Le trio a été accusé de faire la promotion des Frères musulmans, un groupe islamiste interdit en Égypte. Les trois hommes ont été accusés de fabriquer du matériel audiovisuel mettant en jeu la sécurité nationale. Les journalistes ont plaidé non coupable, soutenant qu'ils ne faisaient que leur travail. La principale preuve présentée est une entrevue critique envers le gouvernement filmée par les journalistes.

Après un procès qui s'est attiré les critiques de la communauté internationale, les trois accusés ont été jugés coupables et condamnés à sept ans de prison, sauf l'Égyptien Baher Mohamed, qui a obtenu une peine 10 ans.

Mohamed Fahmy a porté le verdict en appel, et devrait être entendu le 1er janvier. Il cherche aussi à être libéré temporairement pour des raisons de santé: il souffre de l'hépatite C et d'une blessure à l'épaule qui s'est aggravée en prison.

Le nouveau décret du président pourrait entraîner la déportation de Fahmy. «Si c'est ce que ça prend, il l'accepterait, à condition qu'il ne perde pas sa nationalité égyptienne», a affirmé Adel Fahmy, ajoutant que son frère était fier de ses racines égyptiennes.

Les avocats de la famille Fahmy et l'ambassade canadienne au Caire tentent de clarifier les tenants et aboutissants de la mesure.

«Nous sommes très nerveux, a confié Adel Fahmy. Souhaitons que ce soit pour le mieux.»