Les banques alimentaires canadiennes sont utilisées à 25 % plus qu'avant la récession de 2008, et 37 % des demandes sont pour des enfants de moins de 18 ans, selon des enquêtes annuelles sur l'utilisation des organismes d'aide alimentaire.

Au Québec, ce sont plus de 1,6 million de demandes par mois que reçoit l'ensemble des banques alimentaires de la province. Selon le rapport Bilan-Faim 2014, les demandes ont augmenté en moyenne de près de 40 000 par mois depuis l'an dernier, pour un total mensuel de 1 601 115 demandes. De cet impressionnant total, 342 568 paniers ont été distribués à des familles québécoises d'une à six personnes en situation de pauvreté.

Devant la demande grandissante, plus de la moitié des banques alimentaires n'arrivaient pas à répondre à toutes les demandes, en mars 2014. C'était 22 % de plus qu'en mars 2013. Au cours de l'année 2014, rapporte l'enquête, 12,1 % des organismes ont dû fermer leurs portes, comparativement à 3 % l'année précédente.

Au Québec, le rapport Bilan-Faim propose d'offrir un crédit d'impôt destiné aux agriculteurs et transformateurs d'aliments qui font des dons de produits aux banques alimentaires, ce qui permet de lutter contre le gaspillage alimentaire tout en augmentant et en assurant l'approvisionnement de ces banques.

Il recommande aussi «un élargissement du soutien aux enfants au-delà du soutien à l'école actuellement disponible sous la forme d'un petit déjeuner durant les journées d'école. Plusieurs organismes et comptoirs alimentaires du réseau offrent ce type de soutien, et il y a lieu ici de réviser le support et le financement gouvernemental à ce niveau.» Rappelons que les compressions budgétaires du gouvernement Couillard dans les commissions scolaires ont forcé les responsables à couper dans le service d'aide alimentaire de certaines écoles.

Au niveau canadien, le rapport Bilan-Faim révèle que près de la moitié des ménages qui ont fait appel à l'aide alimentaire sont des familles avec enfants. Près de la moitié d'entre elles sont des familles biparentales.

Entre autres recommandations, le rapport conseille le gouvernement fédéral de remplacer les différentes mesures fiscales pour enfants par une nouvelle prestation de bien-être pour enfants qui ciblerait particulièrement les familles plus vulnérables. Il presse aussi les gouvernements fédéral et provinciaux de financer de manière stable des garderies abordables et réglementées pour permettre aux parents de rester à l'emploi.

À Ottawa, le rapport Bilan-Faim tombe tout juste quelques jours après l'annonce par le premier ministre Stephen Harper de nouvelles mesures fiscales pour les familles, notamment le fractionnement du revenu, une mesure qui, selon les économistes, aidera d'abord et surtout les familles riches avec des enfants.

Selon l'enquête Bilan-Faim, le nombre de personnes ayant reçu l'aide alimentaire a augmenté de 1 % en mars 2014, comparativement à mars 2013, pour un total de 841 191 personnes.

Fait nouveau, la proportion de bénéficiaires seuls et sans enfants a explosé, passant de 39 % en 2001 à 43 % cette année.

Les responsables du rapport attribuent ce phénomène à la disparition d'emplois bien payés dans le secteur manufacturier, qui offrait de bons salaires notamment aux hommes non diplômés. Le rapport recommande au gouvernement de remplacer les programmes d'aide sociale existants par un revenu minimum garanti.