Les sociétés de transport en commun «ont compris le message» du ministre des Transports Robert Poëti et entendent bien démontrer qu'elles peuvent accélérer la réalisation de leurs projets en disposant d'une «certaine souplesse», ce qu'elles réclament depuis des années à son ministère.

En entrevue à La Presse, le président de l'Association du transport urbain du Québec (ATUQ), Philippe Schnobb, a affirmé vendredi qu'il n'a pas été surpris par la sortie du ministre Poëti, qui a décrit comme une «catastrophe» le faible taux de réalisation des projets de transports en commun.

Dans un discours prononcé jeudi lors d'un colloque de l'ATUQ, qui regroupe les neuf plus importantes sociétés de transports en commun du Québec, le ministre a déploré que seulement 60% des sommes accordées pour le financement des projets aient été utilisées depuis cinq ans, alors que les sociétés de transport collectif n'ont pas pu mettre ces projets en oeuvre.

«J'ai eu une rencontre avec le ministre en compagnie de présidents d'autres sociétés de transports, la semaine dernière, et il nous en a parlé à cette occasion. Ça ne m'a donc pas surpris qu'il en reparle», dit M. Schnobb, qui est aussi président de la Société de transport de Montréal (STM).

«Nous lui avions dit, lors de cette rencontre, et nous l'avons répété encore hier, que les sociétés de transport demandent depuis longtemps plus de flexibilité dans l'application des programmes du ministère des Transports. Nous avons compris son message, ajoute M. Schnobb, mais on a aussi senti qu'il comprend notre vision des choses.»

Depuis plusieurs années, les grandes sociétés de transport collectif du Québec, et les municipalités qu'elles desservent, demandent au gouvernement de leur donner accès à de nouveaux revenus récurrents destinés au financement de la création de nouveaux services, en forte demande.

Nouveau record absolu

L'an dernier, les sociétés membres de l'ATUQ ont réalisé un total de 558 millions de déplacements en métro et en autobus, un nouveau record absolu d'achalandage au Québec. Leurs réseaux sont toutefois de plus en plus saturés, et les infrastructures et équipements accusent un important déficit d'entretien.

Dans la seule région métropolitaine, on estime à plus de 10 milliards de dollars les coûts de renouvellement du matériel roulant et d'entretien des infrastructures. Les fonds prévus par le ministère des Transports du Québec pour les 10 prochaines années, dans l'ensemble du Québec, ne couvrent même pas 75 % de cette somme.

Or, un sondage que l'ATUQ a rendu public cette semaine a révélé qu'une majorité de Québécois sont fort peu réceptifs à l'imposition de nouvelles taxes ou à des hausses de tarifs pour financer les transports collectifs.

De plus, le ministre Poëti a clairement exigé une amélioration du taux de réalisation des projets en cours avant de lever toute nouvelle taxe ou tarif en pour les transports en commun.

En faisant le bilan du colloque, M. Schnobb reconnaît qu'aucune «solution magique» n'a émergé de ces deux jours de discussions sur le financement des transports publics.

«On a parlé davantage d'utiliser autrement les sommes disponibles, ou des possibilités d'allouer des ressources différemment à l'intérieur des cadres budgétaires existants, dit M. Shnobb. En étant imaginatif, il faut trouver des moyens d'utiliser davantage les sommes disponibles, avant de songer à des ponctions supplémentaires. Le message était clair.»

Il a toutefois assuré qu'«une fois que nous obtiendrons la souplesse nécessaire dans les programmes du ministère des Transports, les sociétés de transport vont démontrer que c'était ça qu'il leur fallait pour atteindre leurs objectifs et concrétiser leurs projets».