Le commissaire aux langues officielles du Canada brosse un portrait positif de l'état du bilinguisme au pays, mais s'inquiète de constater que certaines institutions continuent à violer la loi année après année.

Graham Fraser a cité l'exemple d'Air Canada, qui trône encore au sommet du palmarès au chapitre du nombre de plaintes pour 2013-2014, ex aequo avec l'Agence des services frontaliers du Canada (ASFC).

Il s'est dit consterné de voir que l'entreprise ne semble pas considérer le bilinguisme comme un avantage concurrentiel.

«Au lieu de voir la question d'offre de services dans les deux langues officielles comme un atout de marketing (...), ils semblent traiter ça comme un fardeau», a-t-il laissé tomber en conférence de presse, mardi.

Le comportement d'Air Canada concernant le bilinguisme mystifie Graham Fraser car «Dieu sait qu'ils ont droit à des rappels de façon constante avec des avis d'enquête sur des plaintes», a fait remarquer le commissaire.

D'ailleurs, d'autres entreprises de transport dont le siège social se trouve à Montréal, dont Via Rail, s'en tirent beaucoup mieux, voire «de façon exemplaire», a fait remarquer le commissaire lors du dépôt de son rapport annuel à Ottawa.

Selon les informations fournies par le Commissariat des langues officielles, le transporteur aérien et l'ASFC ont fait l'objet de 51 plaintes.

Suivent le ministère de la Défense nationale, avec 31, puis Postes Canada, avec 30, et l'Agence du revenu du Canada, avec 20.

«On continue d'avoir des problèmes dans des institutions qui ont des contacts directs avec le public. On voit que l'utilisation du «Hello/bonjour' ne fait pas partie de la culture dans la fonction publique», a déploré M. Fraser.

Mais des salutations bilingues de façade ne suffisent pas, a réagi en conférence de presse le porte-parole du Nouveau Parti démocratique (NPD) en matière de langues officielles, Yvon Godin.

«Moi là, si c'est un "Hello/bonjour I don't speak French", ça ne m'aide pas pantoute», a lancé le député le député d'Acadie Bathurst, selon qui ce genre de situation se produit trop souvent aux points de service de la compagnie aérienne.

«Là, c'est le temps de prendre des actions. (...) Air Canada continue à violer la loi sur les langues officielles, a poursuivi M. Godin. Il devrait y avoir des sanctions en lien avec les violations que le commissaire pourrait charger.»

Même s'il voulait concentrer ses attaques sur le gouvernement Harper, qui mérite «un gros zéro» dans le dossier des langues officielles, le député néo-brunswickois s'est montré très critique face au travail accompli par le commissaire aux langues officielles, dont le rapport «manque de mordant».

Et surtout, Yvon Godin estime que la situation n'est pas aussi rose sur le terrain que le rapport pourrait le laisser croire  même si celui-ci fait état d'une augmentation de 15 pour cent des plaintes, ce qui ne s'inscrit toutefois pas dans une tendance à long terme.

Le commissaire Graham Fraser a néanmoins assuré qu'il demeurait «vigilant» et qu'il était «très conscient des pressions constantes qui existent (...) dans un monde où il y a des transformations dans le monde de l'information, des communications et dans la façon de livrer des services».

Air Canada a dit vouloir étudier le rapport avant de le commenter en réponse à une demande d'entrevue de La Presse Canadienne, mardi midi.