La décision d'Ottawa de refuser d'accorder des visas aux plus importants délégués russes qui voulaient participer à un congrès mondial sur l'astronautique à Toronto irrite Moscou, qui y voit une politisation de l'exploration spatiale et un accroc à la coopération internationale.

Un porte-parole de l'ambassade russe à Ottawa a qualifié de «malheureuse» la décision d'Ottawa, imputable selon lui au conflit en Ukraine.

Kirill Kalinin, deuxième secrétaire à l'ambassade, a indiqué à La Presse Canadienne que cette décision ne contribue pas à maintenir de bonnes relations bilatérales.

Le gouvernement canadien a refusé de commenter l'affaire, invoquant la protection des renseignements personnels et de la vie privée.

Mais un haut fonctionnaire de l'agence spatiale russe, Roscosmos, a indiqué à l'agence de nouvelles Interfax que seulement deux des 10 délégués qui devaient participer à la 65e conférence internationale d'astronautique, à Toronto, ont obtenu leur visa d'entrée au Canada. Et ces visas ont été délivrés à deux interprètes russes, et non aux spécialistes - dont des cosmonautes bien connus dans leur milieu.

Le Moscow Times écrivait ainsi mardi que le cosmonaute russe Sergeï Krikalev - qui a séjourné 10 mois dans la station spatiale Mir en 1992 - devait faire partie de la délégation russe. Mais M. Krikalev aurait indiqué à l'agence de nouvelles TASS qu'il a simplement présenté sa demande de visa trop tard, ce que contredit Roscosmos.

«Il est clair que ce refus est motivé par la politique», a soutenu le fonctionnaire de Roscosmos.

La Presse Canadienne a constaté lundi que cette décision d'Ottawa avait pris de court l'Agence spatiale canadienne et la Fédération internationale d'astronautique, à qui les délégués à Toronto demandaient des explications.

L'absence des délégations russes mais aussi chinoises a été soulevée alors que l'on discutait de l'importance de la coopération internationale en matière d'exploration spatiale, un effort symbolisé par la Station spatiale internationale.

L'Institut aéronautique et spatial du Canada est l'hôte de l'événement d'une semaine, qui s'ouvrait lundi à Toronto, et accueille 3000 participants de quelque 70 pays.

En avril dernier, Ottawa a annulé le lancement par une fusée russe d'un satellite canadien de télécommunications, invoquant «les événements en Ukraine». Le propriétaire du satellite ignorait encore mardi à quel moment l'engin pourrait être mis en orbite.