La chasse à l'homme qui a tenu en haleine tout le pays et mobilisé des centaines de policiers pour mettre la main sur le tireur de Moncton Justin Bourque a coûté 1,2 million, a appris La Presse.

En juin dernier, pendant près de 30 heures, Bourque a tenu en otage cette ville du Nouveau-Brunswick. Devant une situation aussi exceptionnelle, les policiers n'ont pas lésiné sur les moyens pour neutraliser l'assassin de trois agents de la Gendarmerie royale du Canada (GRC).

Du 4 au 6 juin, plus de 265 agents de la GRC de partout au Canada ainsi qu'une soixantaine de policiers municipaux de différentes villes sont venus prêter main-forte à leurs collègues du Nouveau-Brunswick.

En trois jours, la GRC a déboursé 234 000$ en salaire normal et 176 000$ en indemnités pour les repas et l'hébergement. Mais la plus grosse part de la facture s'explique par les heures supplémentaires, qui ont coûté 795 000$ à la GRC, selon des documents obtenus grâce à la Loi sur l'accès à l'information

Ces coûts ne comprennent pas tous les frais opérationnels des autres acteurs qui ont contribué à la capture du tireur. Transports Canada avait notamment prêté un avion Dash-8 muni de caméras infrarouges pour détecter la chaleur, ce qui a permis de débusquer l'assassin.

Stéphane Berthomet, analyste des affaires policières, qui a suivi la traque d'heure en heure, est surpris du montant élevé de cette facture, particulièrement en ce qui concerne la portion des heures supplémentaires. «C'est étonnant, d'autant qu'on n'a que le budget de la gestion humaine, et on n'a pas la partie technologie... Les hélicoptères et les avions qui bénéficient de très haute technologie, on sait tous que ça coûte très cher.»

Opération de qualité

Selon M. Berthomet, il ne fait aucun doute, toutefois, que cette opération était de grande qualité et, qu'à l'inverse, on aurait reproché aux responsables des opérations d'avoir cherché à faire des économies de bouts de chandelle s'ils n'étaient pas parvenus à arrêter Bourque.

«Il y a eu beaucoup de moyens mis en oeuvre tant sur le nombre d'effectifs que sur les moyens technologiques, mais ce qui est intéressant, c'est que les moyens n'ont pas écrasé la méthode», souligne-t-il.

«Ils ont été très patients et ils ont évité de mettre une pression démesurée sur Justin Bourque pour lui éviter de faire une connerie ou pour éviter que la situation ne s'aggrave. Malgré tous les moyens et la pression des médias, ils ont pris leur temps et ont géré ça de façon très intelligente», poursuit-il.

Ainsi, ils ont réussi à capturer le tireur vivant, alors que dans la majorité des cas aux États-Unis, ces situations se terminent par la mort du suspect - soit par suicide, soit par les balles des policiers, précise-t-il.

«La GRC s'est tenue à une stratégie mesurée qui a beaucoup joué dans le résultat final», conclut-il.

La GRC n'a pas rappelé La Presse, hier.

- Avec William Leclerc