Les députés fédéraux devraient se pencher «de toute urgence» sur les islamistes canadiens impliqués dans des groupes terroristes qui reviennent au pays, estime le porte-parole libéral en matière de sécurité publique.

Dans un avis de motion présenté au Comité permanent de la sécurité publique et nationale de la Chambre des communes, Wayne Easter réclame des audiences sur les possibles menaces que représentent les Canadiens qui vont se battre à l'étranger dans des organisations terroristes comme l'État islamique. La Chambre des communes recommencera ses travaux plus tard ce mois-ci.

La motion demande que le comité entende entre autres le ministre de la Sécurité publique Steven Blaney, les autorités des services de renseignement et des représentants de la Gendarmerie royale du Canada (GRC).

Selon un rapport du gouvernement fédéral, au moins 130 individus ayant des liens avec le Canada participeraient à des activités terroristes dans d'autres pays. Environ 80 d'entre eux seraient revenus au Canada depuis.

La GRC serait déjà en train d'élaborer un plan pour intervenir auprès des personnes à risque d'adhérer à ces mouvements. La police travaille avec les communautés locales pour éviter que des jeunes se laissent influencer par des groupes extrémistes.

Un Ontarien mort au combat en Syrie l'an dernier avait participé à une vidéo virale dans laquelle il tentait de convaincre les jeunes de s'engager dans le jihad.

Le directeur du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS), Michel Coulombe, avait déclaré en février devant un comité du Sénat que les islamistes canadiens qui se battent à l'étranger sont impliqués notamment dans des activités paramilitaires et de formation sur les armes. Certains d'entre eux offrent aussi de l'assistance logistique. Leur nombre change constamment et leurs motivations sont difficiles à évaluer, selon M. Coulombe.

L'exemple britannique

Dans une lettre adressée au ministre Blaney et rendue publique vendredi, M. Easter affirme que des audiences sur cet «enjeu critique» devraient se tenir «urgemment», notamment pour examiner le plan d'intervention de la GRC. Il ajoute qu'il serait important d'évaluer les moyens qui ont déjà été déployés pour remédier au problème.

Le député libéral a poursuivi en citant en exemple le premier ministre britannique David Cameron, qui a promis d'adopter une loi permettant de confisquer le passeport des présumés terroristes. Ces derniers seraient obligés de suivre des programmes de «déradicalisation», sans quoi ils seraient bloqués à la frontière.

«Je crois que les Canadiens méritent de connaître la position du gouvernement canadien sur ces mesures», a estimé M. Easter.

Le porte-parole du ministre Blaney a indiqué, vendredi, que celui-ci accueillait favorablement l'invitation à témoigner devant le comité. Il a rappelé que le gouvernement canadien avait adopté récemment un plan de lutte contre le terrorisme, en plus de retirer la citoyenneté canadienne à tout individu qui participerait à des activités terroristes.

«Nous suivons très attentivement la situation de l'État islamique», a ajouté le porte-parole, Jason Tamming.