Frustrés par le refus du premier ministre Stephen Harper de créer une commission d'enquête sur les femmes autochtones assassinées ou disparues, les premiers ministres des provinces et des leaders des Premières nations se rencontrent à Charlottetown mercredi pour décider des gestes immédiats qui pourraient être posés.

L'an dernier, au terme des rencontres du Conseil de la fédération, les premiers ministres des provinces et des territoires avaient donné leur appui à cet appel pour la création d'une commission d'enquête nationale. Mais le gouvernement continue à refuser de céder aux pressions.

Il y a quelques jours, le premier ministre Harper a déclaré qu'il s'agit d'un problème de criminalité et non d'une problématique sociale pour justifier sa position. Cette sortie a été vivement dénoncée par ses homologues provinciaux et par des chefs autochtones.

Le premier ministre de l'Île-du-Prince-Édouard, Robert Ghiz, a semblé excédé, mais presque résigné devant l'attitude du gouvernement fédéral dans le dossier.

« Si on en veut une [une commission d'enquête nationale], et le premier ministre ne changera pas d'opinion, le seul autre moyen est d'avoir un nouveau premier ministre. Ce sera aux Canadiens de le décider, pas à moi », a-t-il déclaré.

Ghislain Picard, le chef québécois de l'Assemblée des premières nations, a abondé dans le même sens : « Ce n'est pas un bon gouvernement en ce qui touche les questions qui nous intéresse, ce qui nous préoccupe comme Premières Nations. Donc il reviendra aux Canadiens de décider les choix qui se présentent à eux d'ici un an », a-t-il dit.

M. Picard a précisé que « le défi qui se présente à nous aujourd'hui est d'un côté, comment fait-on pour forcer la main du gouvernement fédéral et, d'un autre côté, comment fait-on pour aussi agir immédiatement sur la cause des femmes assassinées et disparues ».

Certains premiers ministres ont évoqué la possibilité de créer une table ronde sur ce dossier, afin de créer un espace permanent de discussion.  « Nous allons continuer à appuyer la demande des leaders autochtones pour une enquête publique, mais je suis d'accord qu'il y a des choses que l'on peut faire, en tant que provinces. Nous pouvons trouver des moyens de coordonner nos actions dans les domaines de l'éducation, du développement économique et des conditions de vie », a déclaré Kathleen Wynne, la première ministre de l'Ontario.

Un rapport rendu public par la GRC en mai conclut qu'il y a une surreprésentation des Autochtones parmi les femmes tuées ou disparues au Canada. Leur nombre s'élève à près de 1200 depuis 30 ans. Cela représente 16 % des cas d'homicides de femmes, alors que les Autochtones ne représentent que 4 % de la population féminine canadienne.La découverte du corps de Tina Fontaine, 15 ans, dans une rivière de Winnipeg il y a quelques jours a relancé le débat.