La tentative de Pierre Elliot Trudeau de renforcer la souveraineté canadienne dans l'Arctique et de promouvoir le développement économique de cette région a créé une certaine «friction» avec les États-Unis, révèle un rapport de la CIA déclassifié.

Alors que Stephen Harper conclut sa visite nordique annuelle, l'évaluation de la CIA rappelle qu'il n'est pas le premier à brandir l'unifolié dans le Nord.

Le rapport d'août 1983 fait partie de plusieurs documents de l'agence américaine concernant des dossiers canadiens publiés en vertu du U.S. Freedom of Information Act au cours des dernières années. Selon la CIA, M. Trudeau - tout comme ses prédécesseurs - a effectivement puisé dans un réservoir d'identité nordique, composante habituellement forte du nationalisme canadien.

«Cette politique fut unilatérale et a provoqué quelques frictions internationales, particulièrement avec les États-Unis», mentionnent les auteurs qui croyaient qu'elle sera maintenue.

Certaines parties du rapport de la CIA sur l'Arctique canadien - conçu comme un document de référence - demeurent secrètes. Ledit document retrace l'historique des réclamations nordiques d'Ottawa, et examine comment les disputes frontalières, l'environnement, la politique énergétique, les Inuits et l'administration territoriale ont servi la stratégie du gouvernement canadien au cours des décennies.

Pendant la majorité du XXe siècle, les affirmations territoriales canadiennes n'étaient pas contestées en raison de l'aspect inhospitalier de la région et de l'absence générale d'intérêt ou de connaissances envers ses vastes ressources, note la CIA. Le gouvernement canadien est «clairement devenu mal à l'aise», vers la fin des années 1960, à propos de la rareté des ressources pétrolières mondiales, et du fait que l'emplacement des ressources naturelles de l'Arctique était mieux connu.

Le voyage du pétrolier américain Manhattan à travers le passage du Nord-Ouest en 1969 - sans annonce ou permission - a soulevé des craintes de la perte de l'emprise canadienne sur la région. Ottawa est alors intervenue pour renforcer sa position juridique en déposant de nouvelles réclamations à propos des pêches et du contrôle de la pollution, en investissant dans l'exploration pétrolière et gazière, en augmentant sa présence militaire, et en tentant d'améliorer les systèmes de communication, mentionne le rapport.

Au cours des dernières années, les inquiétudes à propos de la souveraineté dans l'Arctique se sont multipliées en raison du réchauffement climatique et de la fonte des glaces, ce qui pourrait accroître le trafic maritime à travers le passage du Nord-Ouest. Le gouvernement Harper a annoncé des plans pour de nouveaux navires de patrouille, une station de recherche en Haut-Arctique et un renforcement des capacités militaires dans le Nord.