Des convois de militaires ont été déployés dans le sud du Manitoba pour aider les résidants à résister à un torrent d'eaux de crue provenant de l'ouest.

Des centaines de soldats ont été appelés en renfort vendredi lorsque le premier ministre Greg Selinger a déclaré l'état d'urgence provincial et réclamé l'aide de l'armée. Ils devront protéger environ 300 maisons de campagne, dont 150 pourraient être inondées lorsque la province brisera délibérément une digue afin de dégonfler la rivière Assiniboine.

La maison de Bev Biccum a été entourée d'eau quand la province avait utilisé la même méthode lors des inondations record de 2011.

Les troupes doivent ériger des digues temporaires autour de sa maison à nouveau, mais Mme Biccum affirme qu'elle n'a même pas terminé de nettoyer les dégâts de 2011. Si la province continue d'utiliser sa maison comme canal d'évacuation des crues, dit Mme Biccum, elle devrait acheter sa propriété.

Des démarches sont en cours pour percer la digue à environ 500 mètres de la résidence de Mme Biccum, ce qui inondera volontairement plusieurs centaines de kilomètres carrés de terres. «Est-ce que la Saskatchewan ne peut pas faire la même chose pour que nous n'ayons pas autant d'eau?», s'interroge Mme Biccum.

Selon le premier ministre Selinger, la situation des inondations dans la province évolue rapidement et que davantage d'eau s'écoulait au Manitoba que ce qu'avaient tout d'abord prévu les experts. Des responsables doivent procéder à un relâchement partiel de la pression sur les digues qui retiennent les eaux gonflées de la rivière Assiniboine, a-t-il dit.

M. Selinger avait ordonné la même mesure en 2011, inondant délibérément les mêmes endroits et menaçant les maisons dans la région pour en épargner plusieurs centaines d'autres plus loin. L'eau pourrait commencer à se déverser à travers la brèche dès lundi, mais le premier ministre a assuré qu'il s'agirait d'une solution de dernier recours. Il y a trois ans, il avait justifié son geste en affirmant que les brèches contrôlées et délibérées permettaient d'éviter d'autres débordements incontrôlés en aval, où il était difficile de contrôler l'ampleur des dégâts et les risques pour les habitants.

L'armée appelée en renforts remplira quelque un million de sacs de sable nécessaires pour protéger les propriétés vulnérables à l'ouest de Winnipeg, sacs qui viendront s'ajouter aux deux millions dont la province dispose déjà en réserve. Quant aux gens vivant sur le bord de la rivière, on leur a indiqué que le niveau de l'eau pourrait bien atteindre 50 centimètres au-dessus de celui relevé il y a trois ans. L'inondation de 2011 était l'une des pires de la province, alors que les réservistes étaient engagés dans une course contre la montre pour aider à renforcer les digues fragilisées et placer des sacs de sable autour des maisons situées près de l'eau.

La province prévoit des précipitations similaires cette année. Toutefois, une alerte d'orages violents a été émise pour certaines régions du sud de la province, samedi, et un spécialiste des inondations affirme que la rivière Assiniboine pourrait de nouveau voir ses flots gonfler plus tard ce mois-ci. Selon le spécialiste en question, Steve Topping, l'afflux d'eau dans le réservoir Shellmouth, en amont, continuait de prendre de l'ampleur.

Jusqu'à maintenant, près de 300 habitants de la Saskatchewan et 698 du Manitoba ont dû évacuer leurs domiciles en raison des inondations. Quelque 50 municipalités au Manitoba ont décrété l'état d'urgence.