Le stress lié à ses fonctions de maire de la plus grande ville du Canada n'est pas ce qui a poussé Rob Ford à faire usage de substances de façon abusive, a déclaré M. Ford mercredi, avouant au passage qu'il avait consommé alcool et drogue avant d'être élu à la mairie de Toronto.

M. Ford était de retour à l'Hôtel de ville cette semaine, après une cure de désintoxication de deux mois, et a demandé qu'on lui accorde une deuxième chance. Il a refusé de répondre aux questions des journalistes, lundi, après avoir lu une déclaration empreinte d'émotion. Toutefois, M. Ford a accepté d'accorder des entrevues individuelles à quelques réseaux de télévision, mercredi.

Au réseau CBC, M. Ford a confié avoir été sous l'influence de l'alcool à l'Hôtel de ville alors qu'il était maire, mais qu'il n'y avait jamais fait usage de drogue. Il a insisté sur le fait que sa vie professionnelle n'était pas la cause de ses problèmes de consommation, affirmant qu'il est venu au monde avec cette maladie et qu'il en souffrira toujours le jour où il mourra.

«Je pense que les gens ne comprennent pas les éléments déclencheurs et les états de manque», a-t-il mentionné pendant l'entrevue menée en direct. «Certaines personnes blâment leur emploi. Il s'agit d'une maladie qui n'a pas rapport à ce travail.»

M. Ford a fait savoir qu'il avait bu et consommé de la drogue «pendant des années» avant qu'il ne soit élu maire.

Sa consommation de drogue a couvert un large éventail, a-t-il reconnu, confiant à la station de télévision torontoise CP24 qu'il avait fait usage de champignons hallucinogènes, de marijuana et «de tout ce que vous pouvez imaginer», mais pas d'héroïne.

«La maladie provoque des états de manque incontrôlés que personne ne peut comprendre à moins de souffrir de la maladie», a-t-il affirmé.

Mais lorsque questionné sur la pertinence de la présence à la mairie d'un politicien aux prises avec des états de manque incontrôlés, M. Ford a répété que ses fonctions ne représentaient pas un élément déclencheur.

M. Ford a refusé de dire s'il démissionnerait dans l'éventualité d'une rechute, déclarant qu'il abordait les choses un jour à la fois.

«Je n'ai pas bu hier et je n'ai pas pris un verre aujourd'hui», a-t-il répondu.

M. Ford a présenté sa candidature en vue des élections municipales du 27 octobre.

Il a fait la promesse de ne plus s'associer «avec les éléments criminalisés qui sont devant les tribunaux», mais a ajouté, sur une recommandation de son avocat, qu'il n'acceptera pas de se faire interroger par la police. Mark Pugash, un porte-parole de la police de Toronto, a confié mercredi que l'enquête criminelle à l'endroit de M. Ford se poursuivait.

Le controversé maire a aussi admis avoir fumé du crack quelques jours à peine avant d'amorcer sa cure de désintoxication, confirmant qu'il s'agissait bien de la substance se trouvant dans une pipe qu'il tenait dans sa main dans une image vidéo obtenue par le quotidien Globe and Mail. En novembre, M. Ford a avoué avoir fumé du crack, probablement pendant l'une de ses «stupeurs ivres», plusieurs mois après que le Toronto Star et le site internet américain Gawker eurent rapporté l'existence d'une vidéo semblant montrer le maire faisant la consommation de cette drogue.

Mais tout en parlant à répétition de sa maladie, il a insisté sur le fait, mercredi, qu'il ne souffre pas d'accoutumance au crack.

M. Ford a également affirmé que la maladie pousse les gens à poser des gestes et émettre des commentaires qu'ils ne feraient pas dans d'autres circonstances, et il a présenté des excuses pour avoir fait usage d'insultes à connotation raciale et pour avoir prétendument émis des commentaires homophobes.

«Tout ce que j'ai dit pendant que je consommais a fait du mal à beaucoup de gens, et tout ce que je peux faire c'est de m'excuser et de dire que je suis désolé», a déclaré M. Ford à CP24, lorsqu'il s'est fait demander s'il allait présenter ses excuses à la «communauté diversifiée» de Toronto.

«Je ne peux pas changer le passé et je pense que ça touche tous ceux que vous venez de mentionner.»