Le ministère fédéral des Travaux publics affirme que les rénovations en cours sur la colline parlementaire, évaluées à plusieurs milliards de dollars, respectent l'échéancier établi, mais un document interne sème le doute sur cette affirmation.

Le ministère s'est lui-même accordé la plus haute note pour l'achèvement, dans les délais prescrits, de plusieurs projets dans l'enceinte parlementaire, affirmant que plus de 90% des travaux avaient respecté le calendrier établi.

Cette cible de 90% a été fixée en 2012, après que le ministère eut été critiqué par la vérificatrice générale de l'époque, Sheila Fraser, et d'autres personnes à propos de l'imputabilité variable découlant des rénovations coûteuses des bâtiments en mauvais état, y compris l'aile ouest.

Le plus récent rapport des Travaux publics démontre toutefois que seulement 70% de tous les projets respectent en fait les échéanciers.

Les autres ont pris du retard, un retard parfois important, mais le ministère se donne malgré tout de bonnes notes puisqu'il envisage de revoir le calendrier pour tenir compte des projets retardataires, ou de trouver un moyen de rattraper son retard.

Ces projets retardataires sont ainsi considérés comme respectant les délais, masquant donc un calendrier possiblement chamboulé.

«Lorsqu'il est question de comparer les résultats, les codes verts et jaunes sont considérés comme respectant les délais», mentionne un rapport interne des Travaux publics, que La Presse Canadienne a obtenu après cinq mois de retard.

«Lorsque les projets ont reçu un code jaune, des plans d'action et des mesures d'atténuation ont été mis en place, ce qui explique pourquoi ces projets sont considérés comme respectant le calendrier.»

Retirez ces projets au code jaune, et le respect des délais chute à environ 70%.

Les deux plus importants domaines des travaux, soit les constructions et les rénovations majeures, respectent leurs délais à environ 80%.

Le rapport interne, daté du 20 août 2013, est le document le plus récent sur l'utilisation des sommes dépensées pour remettre en état les bâtiments historiques de la colline parlementaire et des zones avoisinantes.

De 2001 jusqu'au 31 mars de cette année, les divers projets ont coûté 1,4 milliard de dollars, alors que plusieurs autres milliards doivent être dépensés pour d'autres travaux, particulièrement sur l'aile centrale, qui abrite la Chambre des communes et le Sénat.

Un consultant embauché par le ministère en 2006 a estimé que les coûts totaux avoisineraient les 5 milliards de dollars sur 25 ans, mais ce montant n'était que préliminaire, en l'absence d'informations claires sur les travaux nécessaires, y compris la lente restauration d'ouvrages en pierres vieux de plus d'un siècle.

Le ministère a préparé un fonds de prévoyance allant jusqu'à 25% des projections financières en cas d'imprévus, histoire de tenir compte des bâtiments datant parfois de 1859.

La rénovation de l'aile ouest, le projet le plus important en ce moment avec un coût dépassant le milliard de dollars, est complétée au tiers, environ. Le bâtiment abritera éventuellement les Communes de façon temporaire lorsque les députés quitteront l'aile du centre pour permettre la tenue d'importants travaux.

Quant au Sénat, il s'installera plutôt dans l'ancienne gare centrale d'Ottawa, désormais un centre de conférences gouvernemental.