Des travailleuses du sexe ont organisé des rassemblements à travers le pays, samedi, pour dénoncer le projet de loi sur la prostitution du gouvernement Harper, estimant que sa volonté de punir les clients et les proxénètes pourrait mettre leur vie en danger.

Des dizaines de manifestants se sont rassemblés sous des parapluies rouges - le symbole d'indépendance de l'industrie du sexe - dans un parc du centre de Toronto. Des dizaines de personnes ont également participé à un rassemblement à Montréal, tandis que des événements semblables étaient prévus à Vancouver et dans plusieurs autres villes canadiennes.

À Toronto, les participants ont appelé à l'abandon du projet de loi qui devrait être présenté ce mois-ci au Parlement et à la décriminalisation de la prostitution.

Le projet de loi aurait pour effet de criminaliser l'achat de services sexuels, viserait particulièrement ceux qui tirent des bénéfices de la prostitution et interdirait l'offre de services sexuels près des lieux où des enfants peuvent se rassembler.

Jean McDonald, de l'organisation torontoise Maggie's, a affirmé samedi que le projet de loi proposé menacerait la sécurité des personnes qui se prostituent.

Elle estime que le projet de loi est «un cadeau pour les prédateurs sexuels» qui aurait pour effet, comme l'ancien système, de pousser les travailleuses du sexe vers des lieux isolés où elles pourraient être attaquées.

Les nouvelles infractions liées à la prostitution ont pour objectif de réduire la demande de services sexuels, de protéger les travailleuses du sexe de l'exploitation et de protéger les enfants et les communautés.

Le projet de loi est la réponse du gouvernement fédéral à la décision de la Cour suprême annoncée en décembre, qui a invalidé plusieurs éléments centraux des lois canadiennes sur la prostitution.

En vertu des anciennes lois, la prostitution comme telle était légale, mais presque toutes les activités reliées - incluant le fait de communiquer dans un lieu public dans un but de prostitution, le proxénétisme et le fait de diriger une maison de débauche - constituaient des infractions criminelles.

La Cour suprême a estimé que ces mesures augmentaient indûment les risques pour les travailleuses du sexe et décrété qu'elles représentaient une violation de la Charte canadienne des droits et libertés, donnant un an au Parlement pour présenter de nouvelles mesures.