Les petits organismes gouvernementaux comptent davantage de hauts salariés que les grands ministères, révèle un document obtenu par La Presse en vertu de la Loi sur l'information.

Ce portrait des salaires des fonctionnaires provinciaux permet de constater que le nombre d'employés de l'État qui reçoivent plus de 100 000$ a doublé depuis 2006. Des 58 000 employés relevant directement des ministères et des organismes publics, 1026 recevaient un salaire annuel dans les six chiffres en 2006, soit 1,8%. Sept ans plus tard, ils étaient 2211 (3,8%).

Une analyse détaillée de la répartition des hauts salariés au provincial permet de constater qu'ils travaillent principalement dans la trentaine d'organismes publics qui comptent moins de 100 employés. Tout près de 16% des employés de ces organismes reçoivent plus de 100 000$ par année.

À la Commission municipale du Québec, 8 des 18 employés gagnent plus de 100 000$ par an, tout comme 2 des 4 employés de la Commission des biens culturels du Québec.

À l'inverse, la proportion de hauts salariés dans les grands ministères est beaucoup moins importante: dans les 16 ministères qui emploient plus de 1000 personnes, elle tombe à 2,5%.

Au ministère de l'Emploi et de la Solidarité sociale, qui a le plus grand nombre d'employés, on retrouve à peine 1,4% des salariés qui gagnent plus de 100 000$.

Peu de très hauts salariés

Les données transmises à La Presse permettent de constater que 4 des 58 000 fonctionnaires provinciaux touchent plus de 200 000$. Deux travaillent à l'Assemblée nationale, un au Conseil exécutif et un au ministère de la Santé. C'est moins qu'à la Ville de Montréal, où 13 employés reçoivent un salaire comparable.

Ces données illustrent une fois de plus l'écart grandissant entre les salaires des fonctionnaires provinciaux et ceux des employés municipaux, constate Lucie Martineau, porte-parole du Syndicat de la fonction publique du Québec. Elle craint qu'une concurrence s'installe entre les villes et le gouvernement. «Beaucoup d'employeurs ont du mal à recruter. Certains disent qu'on est devenus un club-école, que les gens, à la fin de leurs études, viennent travailler pour nous, puis postulent ailleurs.»

Une étude de l'Institut de la statistique du Québec publiée l'hiver dernier indique que les employés des administrations municipales sont nettement mieux rémunérés. Leurs collègues provinciaux gagneraient désormais 37,9% de moins.

Signe de l'attrait exercé par la Ville, Montréal dit avoir reçu en 2013 plus de 250 000 demandes d'emploi alors que seulement 2500 postes ont été ouverts.